Au Tchad, 23 proches d’un opposant tué par l’armée ont été libérés

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L’opposant Yaya Dillo Djérou, à N’Djamena, en novembre 2007.

Vingt-trois proches de l’ancien président du Parti socialiste sans frontière (PSF), Yaya Dillo Djérou, arrêtés après la mort de ce farouche opposant tué par l’armée deux mois avant l’élection présidentielle au Tchad, ont été libérés, a appris l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 19 décembre, auprès de la famille. L’annonce officielle de leur libération devrait se faire à l’occasion de la cérémonie d’élévation au grade de maréchal du président Mahamat Idriss Déby, prévue samedi, selon des sources concordantes.

D’après un membre de la famille qui a souhaité rester anonyme, « ils sont au nombre de 23 à regagner la famille » jeudi en début d’après-midi. « Sur les 23, deux se portent bien, pour le reste ils sont complètement affaiblis », a précisé la même source sans donner d’autres détails. Le secrétaire général du PSF, Robert Gam, « enlevé par les agents des services de renseignement », selon le parti, ne figure pas parmi les personnes libérées, a affirmé le même membre de la famille. La libération de ces 23 militants du PSF n’a pas pu être confirmée de sources officielles.

En mai, l’ONG Amnesty International avait dénoncé la détention « au secret » de 26 personnes, dont trois enfants, dans la prison de Korotoro, au milieu du désert. Elles avaient été arrêtées en février après l’assaut du siège du PSF, au cours duquel le président du parti, Yaya Dillo Djérou, avait été tué par l’armée, « assassiné d’une balle à bout portant dans la tête », selon le PSF. Yaya Dillo Djérou drainait derrière lui une composante importante du clan zaghawa, ethnie minoritaire dont est issu le clan Déby, tout comme les principaux officiers au sein de l’armée.

Amnesty avait exhorté les autorités tchadiennes au respect des droits humains et appelé à ce que les prisonniers soient « libérés sans attendre » s’ils n’étaient pas « rapidement inculpés d’une infraction » et « jugés dans le respect des normes internationales d’équité des procès ». Les organisations de défense des droits humains nationales et internationales dénoncent régulièrement la « répression » violente – parfois dans le sang – de toute opposition.

Mahamat Idriss Déby avait été proclamé chef de l’Etat par l’armée le 20 avril 2021, à la tête d’une junte de quinze généraux, à la mort de son père, Idriss Déby Itno, tué par des rebelles après trente années au pouvoir. Trois ans plus tard, le 6 mai dernier, Mahamat Idriss Déby a été élu président lors d’un scrutin boycotté par une partie de l’opposition et qualifié par des ONG internationales de « ni libre ni crédible ».

Fin décembre doivent se tenir des élections provinciales et locales et les premières législatives depuis 2011. Mais les partis d’opposition appellent au boycott des élections, une « mascarade » jouée d’avance d’après eux.

Le Monde avec AFP

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