
Le Labour britannique est-il toujours un parti de gauche ? La question se pose sérieusement après l’annonce par le gouvernement de Keir Starmer d’une série de mesures très controversées, revenant à couper dans les aides aux plus vulnérables pour financer l’effort de défense et respecter des règles de rigueur budgétaires qui paraissent dépassées face à la montée des périls géopolitiques et la guerre commerciale mondiale déclenchée par Donald Trump.
Le 18 mars, le premier ministre, dont le parti a mis fin à quatorze années de domination conservatrice en juillet 2024, a confirmé une coupe de 5 milliards de livres sterling (plus de 5,8 milliards d’euros) dans les aides aux personnes handicapées ou atteintes d’une maladie de longue durée. Les conditions d’éligibilité au Personal Independence Payment (PIP), une allocation accessible aux personnes souffrant de problèmes de santé qui affectent leur vie quotidienne ou leur capacité à travailler, vont être durcies.
Il est vrai que la situation actuelle semble intenable : près de 3,7 millions de personnes touchaient le PIP au 31 janvier, selon le ministère du travail, presque 60 % de plus qu’en 2020, avant le début de la pandémie. « Une personne sur dix en âge de travailler réclame désormais des allocations maladie ou d’invalidité, environ 1 million de jeunes gens sont sortis du système éducatif mais ne travaillent pas », a souligné la ministre du travail, Liz Kendall. En l’absence de réformes, la facture des aides à la santé et au handicap grimpera de 65 milliards de livres actuellement à 100 milliards de livres d’ici à 2030.
« Triste première »
Mais, en l’absence d’un plan ambitieux pour encourager l’embauche de personnes handicapées ou améliorer la prise en charge des problèmes mentaux, la réforme envisagée par le gouvernement Starmer risque d’affecter un grand nombre de personnes réellement incapables de travailler, souvent de milieux défavorisés. « Les coupes dans les allocations sont immorales et dévastatrices, elles vont pousser davantage de personnes handicapées dans la pauvreté », a déploré Charles Gillies, responsable du Disability Benefits Consortium, un regroupement d’associations caritatives spécialistes du handicap.
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