Au procès des viols de Mazan, la déposition de deux « rescapés de l’histoire »

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Au départ, rien ne distinguait Jérôme B. et Cyril F. des autres hommes mis en cause dans le dossier des viols de Mazan. Comme eux, ils consultaient régulièrement le site Coco.fr et regardaient les photos publiées dans les « salons », dont celui baptisé « à l’insu ». Comme eux, ils sont entrés en relation avec Dominique Pelicot, d’abord sur le site, puis par téléphone. Comme eux encore, ils ont reçu des photos de Gisèle Pelicot, nue, et envoyé en échange des photos de leur visage et de leur sexe. Comme eux enfin, ils avaient un « dossier » ouvert à leur prénom, « jérome37ans » et « cyril43ans », dans l’ordinateur de Dominique Pelicot, qui archivait scrupuleusement les vidéos des hommes venus violer sa femme à Mazan. Sauf que leurs dossiers étaient vides. Interpellés, placés en garde à vue, perquisitionnés et présentés à la juge d’instruction, ils ont toujours affirmé n’avoir pas donné suite à la proposition de Dominique Pelicot de leur « offrir » sa femme et ont été mis hors de cause.

Mardi 8 octobre, Jérôme B. et Cyril F. ont été cités à la barre de la cour criminelle du Vaucluse, en qualité de simples témoins. Le premier, chauffeur routier, marié, peine à caler son corps épais à la barre. Sous le pseudo de « Jéjé84 », il consultait les « salons » du site Coco.fr, « par curiosité, pour voir des photos. Moi, je suis qu’un fantasmeur », dit-il. Il raconte ses premiers échanges avec Dominique Pelicot sur le site. « Il m’avait proposé de faire du jardinage et… et… en fait, comme moyen de paiement, il me proposait sa femme. Moi, je cherche du travail pour arrondir mes fins de mois. Pas pour être payé en sexe. »

Jérôme B. donne tout de même son numéro de téléphone à Dominique Pelicot, reçoit des photos, dont une « d’une dame allongée sur le ventre. On voyait que le dos et les fesses » et accepte d’en envoyer deux de lui « parce que [Dominique Pelicot] me l’a demandé » assure-t-il. La conversation entre les deux hommes se poursuit. « J’ai posé plusieurs questions sur le déroulement. Il m’a dit qu’il donnait un cachet à sa femme pour la détendre. Le cachet, j’ai trouvé que c’était bizarre et je n’ai pas donné suite. »

« Une femme, ça s’offre pas »

Sur procès-verbal, Dominique Pelicot a pourtant affirmé que Jérôme B. était venu à Mazan pour avoir une relation sexuelle avec sa femme. « Non, pas du tout, répond calmement le chauffeur routier. Pour moi, une femme, ça s’offre pas. C’est pas un objet. C’est pas parce que je vais sur des sites un peu… voilà… que je respecte pas la femme. » Il ajoute, en cherchant ses mots : « Le cachet, ça peut, ça peut… différencier son jugement. »

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