Au procès des assistants parlementaires du FN, le « travail de Sisyphe » de la défense

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Wallerand de Saint-Just, à la barre du tribunal de Paris, le 4 novembre 2024.

« Les débats ont été âpres, difficiles ; il faut remonter cette pente, a murmuré Mᵉ David Dassat-Le Deist. C’est un travail de Sisyphe pour la défense. Mais, a dit Camus, “il faut imaginer Sisyphe heureux”. » Il n’est pas certain que l’avocat du Rassemblement national (RN) soit finalement heureux, mais il a dit sans fard, et avec une certaine virulence, mardi 26 novembre, ce qu’avaient sur le cœur les prévenus, à la veille de la fin du procès des assistants du parti au Parlement européen.

« C’est un mauvais procès fait à un parti politique, et à la politique, a dit l’avocat. Le procès est devenu politique. J’ai entendu un réquisitoire, qui est un manifeste – une fraude inédite, une nouvelle trahison des clercs, une atteinte à la démocratie. Il y a le Parlement européen, tout de blanc vêtu, et les gentils d’un côté, les méchants de l’autre. » « L’homme lige » de tout cela, « l’homme-orchestre de la fraude », serait Wallerand de Saint Just, le trésorier du parti, qu’il défend aussi. Au vrai, il a assez vite abandonné le trésorier en rase campagne pour s’attaquer vivement aux deux procureurs, et à « leur narratif de ce dossier ».

Ces réquisitions sont pour l’avocat « une infamie », alors que le RN est le premier parti d’opposition et « l’aiguillon de la vie politique ». Le parquet a réclamé au RN une condamnation « asphyxiante » de 4 millions d’euros, dont la moitié avec sursis (en plus du million déjà saisi par la justice), ce qui correspond à l’actif du dernier compte de résultat de 2023, alors qu’au passif, il y a 20 millions d’encours de dette et d’emprunts. « Ça lui ferait trop mal, à la procureure, de regarder aussi la colonne du passif ? »

« On est dans l’affect, la violence vengeresse »

L’attaque est indirecte, mais violente. La procureure, lors d’un long réquisitoire, le 13 novembre, partagé avec son collègue du parquet, avait indiqué qu’elle manquait de preuves sur un dossier, mais avait laissé échapper, « ça me ferait trop mal » de demander la relaxe. « Ah, l’aveu ! », avait aussitôt bondi Marine Le Pen, et le parti en fait depuis ses choux gras. Le mot est assurément malheureux, mais il ne concernait que l’obscur contrat en 2011 de Jean-François Jalkh, terrassé depuis par un AVC et qui sera peut-être jugé plus tard, alors qu’il était dans une situation inextricable puisque dans le même temps assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen, secrétaire général du FN, conseiller régional de Lorraine, employé par un cabinet de conseil et par un cabinet d’expert-comptable.

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