Faute d’acteur principal, le procès de Gérard Depardieu n’a pas eu lieu. Le prévenu de 75 ans était attendu, lundi 28 octobre, devant la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, afin d’être jugé pour deux agressions sexuelles survenues, selon les plaignantes, sur le tournage du film Les Volets verts, de Jean Becker, en 2021.
Les deux parties civiles, une assistante du réalisateur et une décoratrice, étaient là, au premier rang. Présentes aussi, à leur soutien, Anouk Grinberg, actrice du film, et Charlotte Arnould, la première femme à avoir, en 2018, porté plainte pour viol contre l’acteur – le parquet de Paris a requis, en août, son renvoi devant la cour criminelle dans ce dossier. Sur le parvis du tribunal, quelque 200 manifestants contre les violences faites aux femmes avaient formé un bruyant comité d’accueil. Gérard Depardieu n’est pas venu.
La demande de renvoi était parvenue au tribunal quatre jours plus tôt, certificats médicaux du cardiologue et du diabétologue à l’appui. Il y était question de « tension artérielle » et de « sciatique », de « lombarthrose » et de « cruralgie », d’un « risque important d’hypoglycémie et d’hyperglycémie », bref, d’une dégradation de son état de santé « liée à l’approche de l’audience », hélas incompatible avec sa présence.
Mises devant le fait accompli, Carine Durrieu-Diebolt et Claude Vincent, avocates des deux plaignantes, ont sobrement pris acte de cette demande de dernière minute : « Personne n’a intérêt à ce que l’audience ait lieu sans qu’il soit présent. » Tout aussi sobrement, le procureur a réclamé que celle-ci soit reprogrammée « à bref délai ».
Vingt minutes de monologue
Un peu moins sobrement, Jérémie Assous, avocat de l’acteur, déjà assuré d’obtenir le renvoi qu’il était venu chercher, s’est alors lancé dans ce qui aurait pu ressembler à sa plaidoirie si le procès avait eu lieu, s’en prenant vivement aux méthodes d’enquêtes du parquet « totalement à charge » et à celles de Mediapart qui avait dévoilé l’affaire, déplorant les « 18 témoins à décharge écartés » par les enquêteurs et qu’il entend faire venir à la barre, et déclenchant des murmures de réprobation dans une salle pleine à craquer en évoquant les « contradictions » des plaignantes, et « la pseudo-agression, l’hypothétique agression, la prétendue agression » qu’elles auraient subie.
« Je vous rappelle que vous plaidez sur une demande de renvoi », lui a rappelé le président du tribunal au bout de vingt minutes de monologue. En vain, puisque la plaidoirie sur la qualité de la procédure et sur le fond du dossier a duré vingt minutes supplémentaires.
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