

Le président par intérim du Pérou, José Jeri, a annoncé, mardi 21 octobre, l’état d’urgence à Lima et dans le port voisin de Callao afin d’endiguer la vague de violences et d’extorsions attribuée au crime organisé.
« L’état d’urgence, approuvé par le conseil des ministres, entre en vigueur à minuit (mercredi 22 octobre, soit 5 heures du matin à Paris) pour trente jours à Lima (zone métropolitaine) et à Callao », a déclaré José Jeri dans un bref message diffusé à la télévision publique.
Dans un pays où l’insécurité figure parmi les principales préoccupations de la population, il s’agit de la première action d’envergure du président par intérim depuis son accession au pouvoir, il y a près de deux semaines.
Le gouvernement avait annoncé, jeudi, qu’il allait décréter l’état d’urgence à Lima face à la violence du crime organisé. Dans ce cadre, il peut envoyer l’armée patrouiller dans les rues et restreindre certains droits comme la liberté de réunion. La ville de Lima avait déjà été partiellement placée sous état d’urgence entre mars et juillet, après l’assassinat d’un chanteur populaire de cumbia, Paul Flores, attribué au crime organisé.
Plus de 200 personnes blessées lors des manifestations
« La délinquance a augmenté de manière démesurée ces dernières années, causant une immense douleur à des milliers de familles et freinant en outre le progrès du pays. Mais c’est fini. Aujourd’hui, nous commençons à changer l’histoire de l’insécurité au Pérou », a déclaré José Jeri dans ce bref message à la nation. « Nous passons de la défensive à l’offensive dans la lutte contre le crime, un combat qui nous permettra de retrouver la paix, la tranquillité et la confiance de millions de Péruviens », a-t-il ajouté.
Depuis un mois, les manifestations qui ont eu lieu dans tout le pays ont fait 200 blessés, dont des policiers, des manifestants et des journalistes. La semaine dernière, des milliers de personnes avaient manifesté contre l’insécurité et la classe politique. A Lima, des heurts entre policiers et manifestants – les plus violents depuis le début du mouvement – ont fait un mort, tué par un policier, et au moins 113 blessés, dont une majorité de membres des forces de l’ordre, selon les données officielles.
La crise sécuritaire au Pérou, qui affecte notamment les transports avec au moins quarante-sept chauffeurs de bus assassinés depuis janvier sur fond d’extorsion, a précipité la destitution de la présidente Dina Boluarte le 10 octobre. Le président du Parlement, José Jeri, assure jusqu’en juillet 2026 la présidence par intérim du pays, en proie à l’instabilité gouvernementale.