Au Niger, le directeur d’un hebdomadaire arrêté pour « diffamation » envers le premier ministre

2955


Le premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, à Nouakchott, en Mauritanie, le 1er août 2024.

Le directeur de publication du Courrier, important hebdomadaire au Niger, a été inculpé, lundi 8 septembre, après une plainte du premier ministre, a annoncé son journal. Le Niger est dirigé depuis deux ans par un régime militaire dont la répression des voix discordantes est régulièrement dénoncée par des ONG internationales.

« Ali Soumana a été inculpé [lundi] par un juge pour “diffamation et diffusion d’informations de nature à troubler l’ordre public” », a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) un journaliste du Courrier qui a souhaité garder l’anonymat. M. Soumana est également accusé d’« atteinte à la dignité humaine », poursuit cette même source, qui indique qu’il doit être transféré mardi à la prison de Say, à une cinquantaine de kilomètres de Niamey.

Ali Soumana avait été interpellé tôt dimanche et placé en garde à vue à la police à Niamey, selon ses proches. Dans un article publié fin août, Le Courrier avait évoqué une affaire de « fraude de cigarettes » portant sur « plusieurs milliards de francs CFA » (plusieurs millions d’euros) et impliquant plusieurs personnalités. Le nom du premier ministre, Ali Mahamane Lamine Zeine, avait été cité. Ce dernier a porté plainte.

Avant cette affaire, d’autres journalistes ont été interpellés et incarcérés au Niger. En juin, deux journalistes de la radio privée Sahara FM, arrêtés début mai à Agadez (nord), ont été incarcérés au sud de Niamey pour « atteinte à la défense nationale » et « complot contre l’autorité de l’Etat ». D’après des médias nigériens, le parquet de Niamey a requis début septembre cinq ans de prison contre Hassane Zada, un journaliste de Dosso (sud-ouest) accusé d’avoir proféré, via un audio sur WhatsApp, des propos « injurieux » contre le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte nigérienne. M. Zada est également le coordinateur régional du M62, un mouvement qui soutient le régime militaire.

Dimanche, des militants de la société civile proches du régime déchu de Mohamed Bazoum ont lancé une coalition, le Groupement des organisations de la société civile et des médias (G25), dénonçant l’installation d’une « dictature » au Niger et appelant à la « fin de la mainmise militaire sur le pouvoir ». Selon Amnesty International, l’espace civique a été restreint au Niger depuis le putsch de 2023, et les violations des droits civils et politiques ont augmenté. Le Niger est 83e sur 180 pays dans le classement 2025 de la liberté de la presse de l’ONG Reporters sans frontières (RSF). Il a perdu trois places par rapport à 2024.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu



Source link