Au Mozambique, la crise au Cabo Delgado, enjeu majeur de l’élection présidentielle

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Dans un camp de déplacés qui ont dû fuir la province du Cabo Delgado en raison des attaques djihadistes, à Namapa, dans la province de Nampula, au Mozambique, le 27 février 2024.

Au moment de se lancer dans la campagne pour l’élection présidentielle dont le scrutin est prévu le mercredi 9 octobre, le candidat du Front de libération du Mozambique (Frelimo), Daniel Chapo, n’a pas éludé le sujet. « Il ne peut y avoir de développement sans paix. Le Cabo Delgado est aussi le Mozambique et mérite notre attention », avait admis, fin août, le représentant du parti au pouvoir et probable successeur de l’actuel président Filipe Nyusi, qui ne peut prétendre à un troisième mandat.

Le sujet n’a fait que prendre de l’ampleur au fil des semaines et la possibilité d’un dialogue avec les forces qui déstabilisent la province septentrionale a été évoquée par le favori du scrutin. Le Cabo Delgado, frontalier de la Tanzanie, est le siège depuis 2017 d’une insurrection djihadiste menée par le groupe Ansar Al-Sunna, affilié à l’Etat islamique.

Le rétablissement de la situation sécuritaire n’est pas seulement un enjeu local pour les quelque 670 000 personnes toujours déplacées par les attaques et les affrontements avec les forces armées. Il est aussi la condition de la reprise du gigantesque projet d’exploitation gazière conduit par TotalEnergies – avec un investissement de plus de 20 milliards de dollars (18,2 milliards d’euros), soit le plus important sur le continent – censé propulser ce pays pauvre de 33 millions d’habitants parmi les premiers producteurs mondiaux. La major française a suspendu ses opérations en invoquant une situation de force majeure en avril 2021.

La pauvreté s’aggrave

Pour l’heure, l’ancienne colonie portugaise reste engluée dans le surendettement, provoqué par le scandale des emprunts cachés contractés au début des années 2010 pour acquérir du matériel militaire, et pâtit des performances économiques insuffisantes pour absorber une croissance démographique toujours forte. Elle est classée CCC + par les agences de notation internationales, synonyme d’un risque de défaut de paiement élevé. Au cours des dix dernières années, 10 % des Mozambicains ont rejoint les rangs de ceux vivant en dessous du seuil de pauvreté. Quelque 60 % de la population du pays vit désormais sous ce seuil, selon le Fonds monétaire international.

C’est avec ce bilan que Daniel Chapo, 47 ans, ancien professeur de sciences politiques et ex-présentateur de radio, affrontera trois candidats de l’opposition dont les divisions pourraient s’avérer son principal atout : Ossufo Momade, à la tête de la principale force d’opposition issue de l’ancienne rébellion anticommuniste Résistance nationale du Mozambique (Renamo), Lutero Simango, du Mouvement démocratique du Mozambique (MDM) et le candidat indépendant Venancio Mondlane.

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