Au Japon, le parti au pouvoir sur le point de perdre la majorité absolue qu’il détenait depuis 2012

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Le premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, au siège du Parti libéral-démocrate, à Tokyo, le 27 octobre.

Le revers du Parti libéral démocrate (PLD) lors des législatives du dimanche 27 octobre ouvre une période d’incertitude politique au Japon. Selon les sondages réalisés à la sortie des urnes par la chaîne publique NHK, la coalition au pouvoir – le PLD et son allié le petit Parti Komei – ne devait pas conserver les 259 sièges qui lui assuraient la majorité absolue – au moins 233 élus – dans l’assemblée sortante. Elle paie son incapacité à répondre aux inquiétudes des Japonais sur le niveau de vie et le mécontentement lié au scandale de caisses noires du PLD révélé en 2023.

« Je suis conscient que nous avons été jugés très sévèrement. Nous devons l’accepter humblement et solennellement », a réagi le premier ministre, Shigeru Ishiba, qui s’est dit prêt à rechercher de nouveaux partenaires pour une coalition. « Les résultats des élections découlent des critiques accumulées sur le fait que nous n’avons toujours pas réglé la question de l’argent en politique », a ajouté le responsable des questions politiques du PLD, Shinjiro Koizumi, peu après l’annonce des premières estimations qui donnent à son parti entre 153 et 219 élus.

« Nous avons progressé. Nous espérons toujours vaincre le PLD et le Parti Komei », a réagi Yoshihiko Noda, président du Parti démocrate constitutionnel (PDC), principale formation d’opposition qui pourrait obtenir entre 128 et 191 sièges. Elle en avait 96 dans l’assemblée sortante.

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Les tendances signifient un affaiblissement de Shigeru Ishiba, voire des interrogations sur son maintien au pouvoir. Elu le 27 septembre à la tête du PLD et successeur quatre jours plus tard de Fumio Kishida à la tête du gouvernement, l’ancien ministre de la défense a dans la foulée organisé des législatives anticipées en espérant bénéficier d’un certain état de grâce pour consolider son pouvoir. Il a promis « un nouveau Japon », établi par le renforcement de la défense, un soutien accru aux ménages à faibles revenus et la revitalisation des zones rurales. Mais sa cote de popularité, à 28 % à la mi-octobre, un niveau faible pour un nouveau chef de gouvernement, a vite hypothéqué ses chances de victoire.

Une réforme électorale défavorable

M. Ishiba a été critiqué pour avoir reculé – sous la pression de la frange conservatrice du PLD, qui lui est hostile – sur plusieurs sujets depuis son élection, comme la possibilité pour un couple marié de ne pas porter le même nom de famille, ou une plus forte taxation des plus-values.

Il a aussi tergiversé sur le sort des élus PLD sanctionnés par le parti pour leur implication dans le scandale des caisses noires, dont les révélations ont fait plonger la cote de popularité de M. Kishida et motivé sa décision de ne pas se présenter à un nouveau mandat. Certains de ces élus, comme l’ancien ministre Koichi Hagiuda, ont choisi de se présenter en indépendant. Le quotidien de centre gauche Asahi a révélé que le parti leur avait néanmoins accordé des fonds pour leur campagne.

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