Au fil des départs précipités, Donald Trump remodèle le Parti républicain à son profit

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LETTRE DE WASHINGTON

Donald Trump en meeting, à Greensboro (Caroline du Nord), le 2 mars 2024.

Il a mentionné Ronald Reagan et ignoré Donald Trump. Cela dit à la fois son âge et sa préférence. Mitch McConnell s’est présenté devant un Sénat largement désert, le 28 février, pour faire une annonce inattendue mais logique. A 82 ans, le chef de file des républicains a décidé qu’il cesserait de conduire le groupe après l’élection présidentielle de novembre, tout en poursuivant son mandat. « Aussi longtemps que je respirerai sur cette terre, a-t-il dit de son accent traînant du Kentucky, je continuerai à défendre l’exceptionnalisme américain. » C’est exactement pour ce genre de remarque, emprunte d’un conservatisme traditionnel, que la nouvelle droite trumpiste abhorre Mitch McConnell.

« Nos pensées vont à nos collègues démocrates au Sénat au sujet de la retraite du co-leader de leur majorité », a écrit sarcastiquement le groupe Freedom Caucus, qui réunit plusieurs dizaines d’élus républicains extrémistes à la Chambre des représentants. Leur communiqué médisait sur l’Etat dont Mitch McConnell était supposément l’élu : l’Ukraine. Le vétéran républicain, connu comme un stratège calculateur et froid, a néanmoins une conviction absolue : la nécessité de soutenir Kiev militairement face à l’invasion russe. Soit l’inverse exact de la nouvelle vague républicaine, rejetant les engagements militaires même indirects à l’étranger, à l’image du sénateur de l’Ohio, J. D. Vance.

L’annonce de son retrait, à compter de novembre, a ouvert la course à la succession entre « les trois John », comme les surnomme la presse américaine : M. Thune, du Dakota du Sud, M. Cornyn, du Texas, et M. Barrasso, du Wyoming. Contrairement à Mitch McConnell, ils ont déjà apporté leur soutien au grand favori des primaires républicaines, Donald Trump. Cela suffira-t-il ? Les élus trumpistes au Sénat, minorité au sein de la minorité, sont décidés à imiter leurs homologues à la Chambre : devenir centraux et incontournables, en exerçant un chantage sur les prétendants au poste.

« Nous sommes devenus un parti de perdants »

Si la première raison du retrait de Mitch McConnell est sa santé très précaire, sans compter sa lassitude, il ouvre la voie à une reprise en main du groupe républicain au Sénat par le mouvement MAGA (Make America Great Again). McConnell ne tenait plus les troupes comme dans le temps, lorsque le Sénat se voulait l’enclave des élus responsables, prêts à des compromis bipartisans.

Plus largement, dans la perspective de l’élection présidentielle de novembre, Donald Trump organise de façon méthodique la soumission et la purge du parti à son profit, politique et financier. Cela commence par la tête. Réélue en janvier 2023 pour deux années supplémentaires, Ronna McDaniel, la présidente du Comité national républicain (RNC), a pourtant cédé à cette vague MAGA et annoncé son départ prochain, le 8 mars. « Le RNC a subi des changements, historiquement, dès lors qu’on avait un candidat désigné, et il a toujours été dans mes intentions de respecter cette tradition », a-t-elle expliqué dans un communiqué. Pourtant, la convention républicaine n’aura lieu qu’en juillet, moment solennel où le candidat probable, Donald Trump, sera intronisé. Il s’agit donc d’un départ précipité et contraint.

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