Au Burkina Faso, l’armée et ses supplétifs accusés d’avoir massacré des civils peuls

4583


Un soldat burkinabé à Dori, en 2020.

L’armée burkinabée et ses supplétifs civils sont accusés d’avoir commis des exactions contre plusieurs civils à Solenzo (Ouest) en début de semaine, a appris l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 13 mars, auprès d’une source locale et d’un responsable d’une organisation de défense des droits humains.

« Des familles entières de bergers, des Peuls, ont été tuées dans les brousses de Solenzo, dans les zones de Bema et Ban », a déclaré, sous le couvert de l’anonymat, une source locale contactée par l’AFP : « Ça s’est passé entre le 10 et le 11 mars. Les membres de cette communauté qui vivaient depuis des décennies à Solenzo ont été massacrés par des VDP [volontaires pour la défense de la patrie, supplétifs civils] et des Forces de défense et de sécurité. »

Depuis mercredi, des vidéos relayées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de corps ensanglantés jonchant le sol, sans signe de vie apparent, les pieds et les mains ligotés. Ce sont pour la plupart des femmes, des enfants et des vieillards. On y voit des hommes armés de fusils d’assaut et de couteaux tachés de sang, habillés de tee-shirts floqués « Groupe d’autodéfense » et « Force rapide de Kouka » (une ville du Burkina Faso), enjamber les corps au sol en les insultant. « On filme pas », ordonne une voix à l’auteur de la vidéo, qui arrête aussitôt de filmer. Dans une autre vidéo, on voit un triporteur chargé de dizaines de corps sans signe de vie, conduit par les mêmes hommes armés vers une direction inconnue.

« Représailles »

« Début mars, il y a eu une attaque dans la zone et on a accusé les Peuls d’avoir hébergé les terroristes qui l’ont commise. Les populations ont demandé aux Peuls de quitter les lieux pour éviter des représailles. C’est ainsi qu’ils ont décidé de partir en direction de la Côte d’Ivoire avec leurs troupeaux, explique la source locale contactée par l’AFP. C’est pendant qu’ils quittaient Solenzo qu’ils ont été rattrapés par les soldats de la 18e BIR [brigade d’intervention rapide] et des VDP. »

Dans un communiqué daté de lundi, la mairie de Solenzo a rapporté que l’armée burkinabée avait « saisi » un troupeau de 463 bœufs et 41 moutons et demandé aux éventuels propriétaires de passer les récupérer. Mais le communiqué ne dit rien sur les violences perpétrées dans la zone. « Ce genre d’opération colle avec la stratégie des militaires au Burkina Faso, des opérations de représailles où l’on s’en prend aux civils peuls », accusés de collaborer avec les djihadistes, indique un responsable d’une organisation de défense des droits humains, qui confirme l’authenticité des vidéos.

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences djihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu



Source link