Baroud d’honneur ou sursaut politique ? Acculé par les enquêtes en justice et sérieusement menacé de prison, Jair Bolsonaro a pris, dimanche 25 février, la tête d’une grande manifestation de soutien à sa propre personne. Organisée sur l’avenue Paulista de Sao Paulo, elle a réuni plusieurs dizaines, voire centaines de milliers de militants d’extrême droite parés de maillots de la Seleçao, l’équipe nationale de football.
Des bolsonaristes de tout le pays ont répondu à l’appel de leur leader. « On n’allait pas laisser tomber notre capitaine à un moment si difficile pour lui ! », proclame ainsi Antonio Carlos. A 76 ans, ce militant chevronné et barbu a passé vingt heures dans un bus parti de sa ville de Linhares, située à plus à 1 000 kilomètres, pour apercevoir son champion. « Les juges veulent emprisonner Bolsonaro car, justement, c’est un honnête homme ! », croit-il dur comme fer.
« On est aussi là pour défendre notre liberté : le Brésil est en train de sombrer dans la dictature ! », poursuit Antonio Carlos, qui fulmine contre l’opération de police, menée le 8 février contre Jair Bolsonaro et ses proches, soupçonnés d’avoir tenté d’organiser un putsch en 2022 afin de renverser les résultats de la présidentielle remportée par Luiz Inacio Lula da Silva. « Tout ça ce sont des bobards ! Bolsonaro est victime de persécutions ! », tranche le septuagénaire.
Afin de ne pas prêter le flanc aux accusations en justice, ordre a été donné aux manifestants de ne brandir aucune pancarte sur la Paulista. L’événement a même été décrit comme une « belle fête de la démocratie » par son organisateur officiel, le pasteur évangélique d’extrême droite Silas Malafaia. Symboliquement, un homme déguisé en ange aux ailes nacrées se tient d’ailleurs à proximité de l’estrade principale.
« Ce que je cherche, c’est la pacification »
La foule est là, certes. Mais on est loin de l’enthousiasme des mobilisations précédentes. Sous un beau soleil, les visages restent fermés, les propos sont contrôlés. La crainte d’être jeté en prison pour un appel au putsch est réelle chez ces bolsonaristes, qui retiennent désormais leurs coups à l’encontre des juges honnis du Tribunal suprême fédéral. « Les gens ont peur. Certaines opinions sont désormais considérées comme des crimes au Brésil ! », persifle une manifestante croisée sur la Paulista.
Dans la foule, les drapeaux israéliens sont presque aussi nombreux que ceux du Brésil. Les déclarations du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui a récemment comparé la guerre à Gaza à l’Holocauste, ont révulsé les évangéliques d’extrême droite, partisans farouches de Benyamin Nétanyahou. « Lula est un antisémite qui parraine le Hamas, les terroristes et les ennemis des Juifs ! C’est une honte ! », tonne Sandro, 47 ans, logisticien au grand port de Santos, qui arbore un t-shirt tout neuf où se mêlent bannière auriverde et étoile de David. Pour lui, le conflit en cours au Proche-Orient « n’a rien à voir avec le massacre de 6 millions de Juifs ».
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