au Brésil, l’accord UE-Mercosur ne suscite plus autant d’enthousiasme

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Un agriculteur éloigne son bétail d’un incendie, à Corumba (Etat du Mato Grosso do Sul), au Brésil, le 10 juin 2024.

L’impossible accord finira-t-il par sortir de l’impasse ? Le 23 octobre, lors d’un forum économique à Faro, au Portugal, le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a déclaré que l’Union européenne (UE) était « très près de conclure » le traité de libre-échange avec les pays du Mercosur (Argentine, Paraguay, Brésil, Uruguay, Bolivie). Il a en outre promis de « travailler » pour parvenir à le sceller lors de deux « dates-clés » : le « sommet du G20 », qui se tiendra les 18 et 19 novembre à Rio de Janeiro, et le « sommet du Mercosur », en Uruguay, les 5 et 6 décembre.

En négociation depuis 1999, le texte prévoit la suppression progressive des droits de douane sur 90 % des biens échangés entre les deux blocs, créant ainsi un marché de 720 millions de consommateurs. Bien qu’il ait été signé par les deux parties en juin 2019, l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022) avait refroidi les Européens.

La politique de destruction de l’Amazonie de l’ancien dirigeant a alimenté la crainte que l’accord n’accélère la disparition de cette forêt tropicale. Selon un rapport de la commission Ambec de 2020, chargée d’évaluer les « effets en matière de développement durable » du traité, son entrée en vigueur entraînerait une augmentation de la production de viande bovine dans les pays du Mercosur, provoquant une hausse de la déforestation d’au moins 5 % par an durant les six premières années suivant la ratification de l’accord.

« L’élevage de bétail est la principale source de déforestation en Amazonie », rappelle Paulo Barreto, expert en sciences forestières et membre de l’ONG Imazon. Le chercheur souligne qu’outre l’Amazonie le traité risque aussi d’augmenter la destruction du Cerrado, une vaste savane qui concentre 5 % de la biodiversité mondiale ainsi que 93 terres autochtones, et se trouve fortement menacée par l’expansion agricole, notamment des cultures de soja.

L’accord « n’est plus fondamental »

Depuis le retour du président Luiz Inacio Lula da Silva au pouvoir, en janvier 2023, qui s’est engagé pour la défense du climat, les négociations ont repris. Mais l’ajout par l’UE, en mars 2023, d’une annexe pour introduire de nouvelles normes environnementales dans l’accord et prévoir des sanctions en cas de violation des objectifs de l’accord de Paris de 2015 a irrité le Brésil. Lula, dont l’administration a permis une réduction de 45,7 % du rythme de la déforestation en Amazonie, avait dénoncé les exigences européennes comme étant une forme de « colonialisme vert », lors d’un sommet des BRICS à Johannesburg, le 22 août 2023.

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