

Casquette rouge sur la tête, Atenor Gil, un paysan moustachu de 62 ans, tient fièrement un œuf bleuté dans la paume de sa main. « Que personne n’ose venir me dire qu’il n’a pas été pondu par une caipira [poule élevée en liberté] ! », lance-t-il, le 13 février au matin, sous l’ombre d’un papayer de la petite ferme nichée dans une vallée à deux heures de route de Rio de Janeiro, au Brésil, où il habite avec sa femme, Sirlei Lopes, 55 ans.
Le couple fait partie des 450 000 familles rurales qui ont obtenu une parcelle de terre à cultiver grâce au Mouvement des sans-terre (MST). Née en 1984, cette organisation sociale, qui milite pour une réforme agraire, occupe des fermes inexploitées jusqu’à ce que le gouvernement leur accorde leur propriété. A l’opposé de l’agro-industrie brésilienne, souvent critiquée pour son recours intensif aux pesticides et l’impact dévastateur des monocultures sur la biodiversité, la plupart des membres du MST utilisent des pratiques agroécologiques. « Nous ne mettons pas de poison dans nos aliments ! », dit fièrement Sirlei Lopes.
Cette femme à la chevelure grisonnante explique toutefois que se dispenser de pesticides est un véritable défi. « Nous sommes davantage exposés aux ravageurs », explique-t-elle, contemplant son potager qui se trouve au pied d’un petit étang. Le couple doit aussi adapter le choix des plantations aux saisons, dont les conditions climatiques sont de plus en plus imprévisibles. Durant un été 2024-2025 particulièrement chaud, les plants de poireau « n’ont pas résisté au soleil », regrette-t-elle.
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