Au Brésil, arrestation de plusieurs militaires soupçonnés de complot pour assassiner Lula

4657


Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, à Rio de Janeiro, le 17 novembre 2024.

Le mot « gravissime », utilisé mardi 19 novembre par les autorités brésiliennes, ne paraît pas exagéré. La police fédérale a rendu publique l’existence d’un complot, orchestré fin 2022 et au plus haut niveau par des militaires d’extrême droite, visant à assassiner le président élu, Luiz Inacio Lula da Silva, et d’autres personnalités publiques, dans le but de déclencher un coup d’Etat.

Un policier et quatre gradés de l’armée ont été arrêtés, mardi, lors d’une opération baptisée « Contragolpe » (« contre putsch ») et ordonnée par Alexandre de Moraes, juge au Tribunal suprême fédéral. Parmi eux se trouvent trois lieutenants-colonels en activité et, surtout, un général de réserve, Mario Fernandes, ancien commandant des forces spéciales de l’armée.

Tous sont suspectés d’avoir planifié l’assassinat de Lula, vainqueur de l’élection présidentielle d’octobre 2022 face au président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro, afin d’empêcher sa prise de fonctions le 1er janvier 2023. Les militaires prétendaient également « neutraliser » le vice-président élu, Geraldo Alckmin, et le juge Moraes, bête noire des bolsonaristes, alors président du Tribunal supérieur électoral.

Baptisé « Poignard vert et jaune », le plan des putschistes a été préparé avec une minutie « typique d’une opération militaire spéciale », a insisté la police. Selon les documents obtenus, les militaires auraient évalué avec précision les risques encourus et les coûts de l’opération, tout comme le matériel nécessaire : gilets pare-balles, radios basse fréquence, fusils, pistolets, mitrailleuse, lance-grenades et même un lance-roquette. « Un arsenal de guerre », ont résumé les autorités.

L’assassinat programmé du juge Moraes

Selon ces dernières, les conspirateurs ont usé de noms de code de pays pour se désigner entre eux (« Allemagne », « Brésil », « Ghana », « Japon »…) ainsi que pour évoquer leurs cibles (« Jeca » pour Lula et « Joca » pour M. Alckmin). Concernant le président élu, alors âgé de 77 ans et à l’état de santé jugé « vulnérable », les soldats auraient songé à recourir à l’empoisonnement grâce à un médicament « qui causerait un effondrement organique ».

Selon la police, l’enlèvement et l’assassinat d’Alexandre de Moraes, prélude au coup d’Etat, étaient fixés au 15 décembre 2022. Ce jour-là, autour de 20 h 30, plusieurs membres du groupe se seraient positionnés à Brasilia sur un trajet emprunté par le juge et menant à sa résidence privée. L’opération avortera pourtant quelques minutes plus tard pour des raisons encore mystérieuses.

Il vous reste 54.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link