après un nouveau rebondissement, l’élection présidentielle doit se tenir avant la fin mars

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Un partisan du président sénégalais, Macky Sall, et du candidat à la présidentielle Amadou Ba, brandit un dépliant à l’effigie de ce dernier, lors d’une marche pour la paix, à Dakar, le 3 mars 2024.

Plongé dans une crise politique inédite, le Sénégal a connu un nouveau coup de théâtre, dans la soirée du mercredi 6 mars. Les regards étaient tournés vers l’Assemblée nationale où les députés votaient un projet de loi d’amnistie controversé, mais c’est du Conseil constitutionnel que l’annonce du jour la plus importante est venue.

La haute juridiction a exigé que le scrutin présidentiel se tienne avant le 2 avril, date à laquelle expire le second mandat de Macky Sall, au pouvoir depuis 2012. « La fixation de la date du scrutin au-delà de la durée du mandat du président de la République en exercice est contraire à la Constitution », justifient les juges, dont les décisions ne sont théoriquement pas susceptibles de recours.

Réaction quasi immédiate de l’exécutif : le gouvernement a été dissous, a annoncé le communiqué du conseil des ministres, afin de « libérer » le désormais ex-premier ministre, et candidat du camp au pouvoir. Amadou Ba « a été libéré de ses charges pour s’occuper à temps plein de sa campagne », précise-t-on à la présidence. L’ancien ministre de l’intérieur, Sidiki Kaba, a été chargé de former un nouveau gouvernement. Dans le même temps, le premier tour de l’élection a été fixé au 24 mars. Une date qui reste incertaine, car, dans la foulée, le Conseil constitutionnel a quant à lui décidé de la date du 31 mars.

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Dans la tourmente depuis leur mise en cause pour corruption, lors de la publication de la liste des candidats à la présidentielle, les membres du Conseil constitutionnel dédisent une fois de plus le président et imposent une lecture stricte de la loi, dans un Sénégal fréquemment vanté pour son « modèle démocratique ».

« Cela montre que les institutions du Sénégal fonctionnent ; nous nous conformerons aux décisions du Conseil constitutionnel », estime Abdou Mbow, le président du groupe parlementaire de la majorité, Benno Bokk Yakaar (« unis par l’espoir », BBY).

Karim Wade, grand perdant de ce retournement

Cette décision marque une accélération brutale du calendrier, alors que le pays vit dans l’incertitude depuis que M. Sall, a annoncé, le 3 février, le report de l’élection présidentielle prévue trois semaines plus tard. Les députés avaient d’abord reporté le nouveau scrutin au 15 décembre, avant que le dialogue national, convoqué par le président, ne préconise de le ramener au 2 juin.

Dans sa décision du 6 mars, le Conseil constitutionnel a rejeté toutes les préconisations du dialogue national du 26 février – boycotté par dix-sept des dix-neuf candidats à la présidentielle. Il ne veut donc pas d’une élection après le 2 avril, mais balaie aussi l’idée d’un intérim assuré par le chef de l’Etat après l’expiration de son mandat. Il refuse enfin que soit revue la liste des candidats à l’élection présidentielle, que la haute instance avait elle-même publiée. Karim Wade, le fils du président Abdoulaye Wade, de 2000-2012, et leader du Parti démocratique sénégalais (PDS), apparaît comme un des grands perdants de cette décision. Après avoir été éliminé pour avoir renoncé trop tardivement à sa nationalité française, il espérait réintégrer la course à la magistrature suprême.

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