Après ses piètres performances aux Jeux olympiques, l’Allemagne en pleine autocritique

2602


LETTRE DE BERLIN

Lors de la demi-finale de basket opposant l’Allemagne à la France (qui en sortira victorieuse), à l’occasion des Jeux olympiques 2024, à l’Aréna Bercy, à Paris, le 8 août 2024.

Si les Jeux olympiques (JO) ont réconcilié, le temps de quelques semaines, la France avec elle-même, ils ont au contraire alimenté de l’autre côté du Rhin un étonnant moment d’autocritique : les mauvaises performances des athlètes allemands ont nourri un discours aux élans déclinistes dépassant largement le monde du sport.

Pourquoi les Allemands ne sont-ils pas plus performants dans le sport de haut niveau ? Ravivée par l’ouverture des Jeux paralympiques, la question préoccupe la presse locale. Avec trente-trois médailles, le pays est arrivé 10e au classement des JO de Paris, loin derrière des nations comme les Etats-Unis, le Japon, ou la France, avec lesquelles il rivalise par ailleurs dans d’autres domaines. C’est son plus mauvais bilan depuis la réunification de 1990.

Les sportifs eux-mêmes l’ont reconnu. « Nous sommes entrés dans ces jeux avec d’autres ambitions », a admis lors d’une conférence de presse début août Olaf Tabor, l’un des responsables du Comité olympique allemand. « Nous avons 82 millions d’habitants. Il est impossible que nous n’ayons aucun talent sportif », soupirait de son côté le 9 août à Paris Jörg Bügner, directeur sportif de la Fédération allemande d’athlétisme.

L’Allemagne a pourtant longtemps fait partie des nations les plus décorées aux JO – c’est même le pays qui cumule le plus grand nombre de médailles depuis 1896 derrière les Etats-Unis, et ce malgré plusieurs exclusions, en 1920, 1924 et 1948.

Mais « depuis des années, le sport de haut niveau allemand s’enfonce dans la médiocrité », soulignait au mois d’août une chronique assassine de l’hebdomadaire Der Spiegel, plaidant, à l’image de nombreux spécialistes, pour une réforme et pour un véritable « débat de société ». « L’Allemagne, la plus grande économie de l’Union européenne, devrait pouvoir se permettre de faire du sport de haut niveau », concluait le magazine. La question n’est pas tout à fait anodine alors que le pays s’interroge sur la pérennité de son modèle, fragilisé par la crise de l’énergie, l’inflation et les tensions commerciales avec la Chine qui ébranlent son idéologie mercantiliste.

Besoins urgents de rénovation

Le regard que l’Allemagne porte sur elle-même est surprenant de sévérité. Avant les jeux, l’ancien champion olympique de lancer de disque Robert Harting avait pronostiqué des résultats décevants. « Je serais très surpris que nous fassions beaucoup mieux que lors des derniers grands événements olympiques », avait-il prophétisé dans Sports Illustrated. « En Allemagne, la performance est presque devenue quelque chose de honteux, poursuivait-il. Qui ose encore dire aujourd’hui qu’il voudrait être le meilleur ? »

Il vous reste 54.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link