Après l’exil, l’appel de la terre d’une famille syrienne

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A gauche ? A droite ? Derrière son volant, Walid El-Youssef ne sait plus vraiment. « Excuse-moi, comment va-t-on à la citadelle ? », demande-t-il à un passant. « C’est simple : prends à gauche, passe sous le pont, puis continue tout droit. A la première intersection, tourne à droite, vous serez arrivés. Que Dieu soit avec vous. » Sans prêter attention aux klaxons des automobilistes impatients ni à ses cinq enfants qui s’agitent sur la banquette arrière, le père de famille emprunte la route en répétant assidûment les instructions : « Prendre à gauche. OK. Passer sous le pont. OK. Puis à la première intersection prendre à… »

Le quadragénaire à la toison cendrée s’interrompt. Entre des squelettes d’immeubles constellés d’impacts de balles, les murs de pierre de la majestueuse forteresse médiévale d’Alep apparaissent enfin. Bâtie au XIIIᵉ siècle, cette dernière a été le théâtre de féroces batailles opposant les forces rebelles syriennes aux soldats du régime de Bachar Al-Assad entre 2012 et 2016. « Avant la révolution [la guerre civile, commencée en 2011], on venait ici pour des papiers administratifs ou pour le marché. Jamais, au cours des dix dernières années, je n’aurais imaginé une seule seconde me retrouver de nouveau ici ! »

Son épouse, Fodda, 28 ans, ne peut détacher son regard du spectacle offert par le monument. Bien qu’elle soit originaire, comme son mari, de Rasm Al-Ward, un petit hameau agricole situé à seulement 40 kilomètres plus au sud, elle n’avait jamais mis les pieds dans la cité multimillénaire, plus grande ville du pays derrière la capitale Damas, avant leur départ, en 2015, vers le Liban. A l’époque, la guerre civile ravageait leurs terres.

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