L’élimination du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, constitue un recul significatif pour la République islamique au Moyen-Orient et au-delà. En effet, le groupe libanais est plus qu’un auxiliaire (proxy) pour Téhéran : il est à la fois un partenaire stratégique, un allié idéologique et un vecteur de la projection de l’influence de Téhéran sur les scènes régionale (le Moyen-Orient) et internationale (Amérique latine et Afrique).
Ces liens entre les révolutionnaires khomeynistes et le Liban sont d’ailleurs antérieurs à la Révolution islamique de 1979. Dès les années 1970, les forces islamistes et marxistes iraniennes ont tissé des liens au Liban, non seulement avec la communauté chiite libanaise, mais également avec les forces nationalistes palestiniennes alors présentes au Liban. De plus, la création du Hezbollah est un projet qui précède l’émergence de l’« axe de résistance », au début des années 2000, en réponse au discours du président George W. Bush sur l’« axe du Mal ».
Depuis sa création en 1982, le Hezbollah a toujours été un élément central de la politique régionale de Téhéran, qui s’est fixé comme priorité de jouer un rôle dans le conflit israélo-palestinien. Il fait partie intégrante du projet idéologique des dirigeants de la République islamique de présenter la défense de la cause palestinienne comme un principe fondateur de l’islam politique khomeyniste auprès des opinions publiques du monde arabe. Cette instrumentalisation du Hezbollah pour projeter l’idéologie khomeyniste au-delà des frontières iraniennes en fait un partenaire exemplaire : sa trajectoire politico-religieuse est ainsi présentée comme un modèle à reproduire dans la région, auprès des communautés chiites irakiennes notamment.
La disparition d’Hassan Nasrallah constitue donc pour Téhéran à la fois la perte de son plus fidèle représentant au sein du monde arabe mais aussi l’affaiblissement politico-militaire de la composante, la plus importante, de son réseau d’influence régional. Hassan Nasrallah a aussi le titre de vakil (représentant) du Guide suprême Ali Khamenei au Liban.
Un relais décisif
Le Hezbollah fait partie de la structuration du réseau d’influence. Il est plus qu’un exécutant, il est un coordinateur et un cogestionnaire des projets de Téhéran au Moyen-Orient, en particulier, à partir des années 2010 et de sa participation au confit syrien, d’abord, et à la guerre du Yémen, ensuite. Le Hezbollah joue un rôle accru dans le renforcement des houthistes tant sur le plan militaire que de la formation ou de la propagande. Ainsi, le Hezbollah constitue aussi un relais décisif pour la projection de l’influence de la République islamique au-delà de ses frontières.
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