Après l’arrestation de Pavel Durov, le sursaut de coopération de Telegram avec les autorités judiciaires en France et en Belgique

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Pavel Durov, PDG et cofondateur de Telegram, le 21 septembre 2015, à San Francisco (Etats-Unis).

Telegram n’en faisait pas mystère, et l’annonçait même sur son site : la messagerie communautaire, qui modère de façon minimale les contenus, ne répondait pas aux réquisitions judiciaires, sauf circonstances exceptionnelles. C’est justement cette passivité qui a, en partie, mené la section cyber (J3) du parquet de Paris à superviser un dossier qui a mené à l’arrestation en France, le 24 août, puis à la mise en examen, le 28, du cofondateur de l’application, Pavel Durov. Le PDG de l’entreprise est mis en examen, entre autres, pour « refus de communiquer, sur demande des autorités habilitées, les informations ou documents nécessaires pour la réalisation et l’exploitation des interceptions autorisées par la loi ».

La garde à vue du flamboyant entrepreneur français, russe et émirati, interpellé à l’aéroport du Bourget (Seine-Saint-Denis), a eu un effet immédiat. Selon nos informations – confirmant celles de Libération –, tandis que le cofondateur de Telegram était en train de répondre aux questions de l’Office national anti-fraude, l’entreprise sise aux Emirats Arabes unis a répondu à plusieurs demandes d’informations formulées par l’Office des mineurs dans le cadre d’enquêtes sur des faits de pédocriminalité. Du jamais-vu pour ce service enquêteur, habitué à ce que la plupart de ses demandes restent lettre morte.

Selon nos informations, seules les demandes ayant trait au terrorisme étaient jusqu’ici traitées. « A chaque fois que nous avons été amenés à saisir Telegram, par voie de réquisitions judiciaires, [l’entreprise] a répondu », confirme au Monde le parquet national antiterroriste. Un appui dont s’était prévalu le milliardaire d’origine russe dans un communiqué publié quelques jours après son arrestation : « Il y a quelque temps, lorsque cela m’a été demandé, [j’ai] personnellement aidé [les autorités françaises] à mettre en place une hotline avec Telegram pour faire face à la menace terroriste en France. »

Le lieu de choix pour certaines activités illégales

Cette récente ouverture face aux réquisitions concernant les affaires de droit commun est-elle spécifique à la France ? « Nous constatons en effet que Telegram se montre plus coopératif ces derniers temps », explique le parquet fédéral belge. D’autres parquets et services d’enquête contactés par Le Monde, dont le FBI américain, le BKA allemand, les parquets canadien, suisse ou néerlandais, n’ont pas souhaité confirmer ou infirmer ce revirement d’attitude de la messagerie.

Facilité d’utilisation, grand nombre d’utilisateurs, modération clémente, mais surtout relative discrétion face aux demandes d’information des autorités : Telegram est devenu, grâce à toutes ces caractéristiques, le lieu de choix pour certaines activités illégales – la vente de drogue, en premier lieu, mais aussi d’armes, la contrefaçon, le recel de produits volés, ou encore la distribution de pédopornographie.

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