Après la victoire de Lai Ching-te à Taïwan, la stratégie de la Chine remise en question

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Le nouveau président Lai Ching-te, sa prédécesseure Tsai Ing-wen (centre) et la nouvelle vice-présidente Hsiao Bi-khim, lors de la campagne présidentielle, à New Taipei City (Taïwan), le 12 janvier 2024.

Alors que l’après-midi avançait, samedi 13 janvier, Ou Ouling et son mari sont revenus faire un tour au bureau de vote de la rue Linsen, dans le centre de Taipei. Ils avaient déjà voté à 11 heures mais voulaient jeter un œil au dépouillement. « C’est notre système, tout le monde peut entrer, c’est ouvert, c’est transparent », expliquait cette femme en tongs, jean noir et sweat à capuche rouge.

Après la fermeture du bureau de vote, à 16 heures, les citoyens assesseurs ont vidé les urnes. Dans la salle, où tout un chacun peut entrer et assister librement au décompte des voix, l’un des assesseurs a dit haut et fort le nom porté sur chaque bulletin, rose pour la présidentielle, jaune pour les législatives, puis l’a montré à l’assistance.

Dès les résultats confirmés en début de soirée, les deux adversaires du vainqueur, le vice-président Lai Ching-te, ont concédé leur défaite sans contestation et félicité le nouvel élu, signe d’une démocratie mûre, où près de 72 % des citoyens de plus de 20 ans ont voté. Ce processus électoral démocratique constitue un casse-tête pour la Chine qui promet de réunifier l’île au continent en ses propres termes. « Nous sommes très fiers de cela. Même si les candidats sont déçus du résultat, ils acceptent le choix du peuple », déclarait Chen Yijing, un homme de 36 ans, venu participer au rassemblement organisé dans le centre de la capitale pour la victoire de M. Lai.

Pékin sans solution

Face au choix des électeurs taïwanais, Pékin paraît sans solution. Samedi soir, le porte-parole du bureau chinois des affaires de Taïwan, Chen Binhua, a déclaré que ce vote « n’entravera pas la tendance inévitable d’une réunification avec la Chine ». Mais force est de constater que les menaces répétées de Pékin, depuis l’arrivée au pouvoir de la présidente Tsai Ing-Wen en 2016, n’ont pas convaincu les Taïwanais de choisir la voie du rapprochement. Ces dernières années, les survols aériens chinois à proximité de l’île de Taïwan sont devenus quasi quotidiens et Pékin multiplie les exercices militaires d’ampleur.

Avec un peu plus de 40 % des voix, contre les 57 % enregistrés par Tsai Ing-wen quatre ans plus tôt, le vote pour le parti présidentiel, le Parti démocrate progressiste (DPP), est en net recul, mais c’est la première fois depuis la démocratisation de l’île, au milieu des années 1990, qu’une formation politique remporte trois présidentielles successives. Un scénario noir pour Pékin. Car si ses dirigeants ne cessent de répéter qu’ils maintiendront le statu quo – sans déclaration formelle d’indépendance, Taïwan exerçant déjà une souveraineté de fait – le DPP conserve dans sa charte la quête d’indépendance, ce qui constitue un casus belli pour la Chine. Lai Ching-te a notamment promis d’intégrer davantage Taïwan, déjà leader incontesté des semi-conducteurs, aux échanges avec les économies ouvertes et les pays démocratiques, pour diminuer la dépendance de son pays à la Chine.

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