Après la mort de Yahya Sinouar, les frappes redoublent d’intensité en Israël, au Liban et à Gaza

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Yehuda Cohen (au centre), le père de Nimrod Cohen, un soldat israélien pris en otage par le Hamas le 7 octobre 2023, lors du rassemblement devant la résidence du président Isaac Herzog pour la signature d'un accord de libération des otages, à Tel Aviv, le 19 octobre 2024.

Au Nord de Tel Aviv, samedi après-midi 19 octobre, les membres du Forum des familles d’otages n’ont plus tellement le cœur à espérer. Depuis l’annonce de la mort de Yahya Sinouar, l’avant-veille, les espoirs de voir la disparition du chef du Hamas entraîner une baisse de l’intensité des conflits en cours à Gaza, mais aussi, par extension, au Liban, ont été sérieusement douchés. Comme chaque semaine lors de la fin du shabbat, des manifestations sont prévues à travers le pays. Ce sont les premières depuis la mort de Yahya Sinouar et elles vont avoir lieu alors que sa disparition n’a pas entraîné de signe perceptible qu’un accord entre Israël et le Hamas, incluant un échange entre otages et prisonniers palestiniens, ait la moindre chance d’être conclu. Les manifestants qui se regroupent ici, à Tzahala, dans le nord-est de Tel Aviv, savent que les jours des captifs dans Gaza sont comptés. La guerre menée par l’armée israélienne se poursuit dans l’enclave. Tout comme se poursuivent les frappes contre le Hezbollah au Liban.

Les manifestants, il y a encore quelques semaines, se persuadaient que le pays tout entier allait se joindre à leur colère et que, bientôt, un million de personnes seraient dans les rues. C’était une illusion. Désormais, il est impossible de ne pas voir que leurs rangs se clairsèment, que leur voix porte moins que jamais. Aujourd’hui, à Tzahala, ils ne sont qu’une cinquantaine devant la résidence du président israélien, Isaac Herzog. Les mobilisations, même les plus spectaculaires, n’ont jamais été assez massives au cours de l’année écoulée pour « incarner » un pays dressé contre son gouvernement. Elles n’ont jamais fait dévier d’un iota sa façon de mener la guerre. Depuis la mort de Yahya Sinouar, l’armée israélienne poursuit imperturbablement des opérations dans le nord de Gaza et y procède à des frappes dévastatrices.

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A Tzahala, au milieu des élégantes maisons, Yehusa Cohen, père d’otage, a la voix qui tremble un peu tandis qu’il tente de dire ce qu’il craint pour son fils, Nimrod, qui a eu vingt ans à Gaza. Ce dernier, soldat, avait rejoint dans le cadre de son service militaire une unité de la base de Nahal Oz, devant Gaza, peu de temps avant le 7-Octobre. Il a été capturé là-bas lorsque le Hamas a investi les lieux.

Quelques irréductibles familles d’otages manifestent

Avec ses cheveux gris ramenés en catogan, qui lui donne un air de « pacifiste » du genre qui met en rage les tenants de la guerre à tout prix, cet ingénieur en informatique, spécialiste des algorithmes, tente de s’indigner encore, submergé par la terreur de ne jamais revoir son fils vivant : « Aprés la mort de Sinouar, on a peur que ce soit chacun pour soi, au Hamas, et qu’ils liquident les otages. On supplie pour qu’un accord soit trouvé, on le demande de toutes nos forces, on le crie. Et puis, [le premier ministre Benyamin] Nétanyahou a gagné, non ? Il pourrait arrêter la guerre, à présent. Sinon, la poursuite des combats est entièrement de sa responsabilité. Il ne peut plus dire que c’est Sinouar qui bloque les négociations pour la paix », tente-t-il de raisonner.

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