après la mort de deux humanitaires français dans un bombardement russe, une enquête ouverte pour « crime de guerre »

4360


Cette photo prise et diffusée par les services d’urgence ukrainiens le 2 février 2024 montre des sauveteurs travaillant à l’extérieur d’un bâtiment endommagé à la suite d’une frappe aérienne sur le centre de la ville ukrainienne de Kherson.

Deux secouristes civils français ont été tués et trois autres blessés le 1er février en Ukraine par des attaques de drones russes, dans ce qui s’apparente à un crime de guerre. « Leur véhicule a été touché par des tirs de drone, alors qu’il était marqué d’une grande croix rouge sur le toit. Tout laisse penser que les [militaires] Russes ont tiré sciemment sur le convoi composé de deux voitures alors qu’il rentrait vers leur camp de base, sur la rive droite du Dniepr », indique au Monde une source diplomatique. L’incident s’est déroulé à Beryslav, non loin du barrage de Nova Kakhovka dynamité par l’armée d’occupation russe le 6 juin 2023. Cette zone de la région de Kherson se trouve à quelques kilomètres des positions russes et fait l’objet de bombardements quotidiens.

Adrien Pajol et Guennadiy Germanivich, les deux secouristes tués, étaient des volontaires de l’ONG suisse Entraide protestante suisse (connue sous l’acronyme EPER) participant à une mission humanitaire. La seconde victime possédait également la nationalité biélorusse. Contactée, l’EPER confirme les faits mais ne souhaite pas confirmer l’identité des victimes.

« Deux de nos estimés collègues ont malheureusement trouvé la mort de manière tragique lors de cette attaque. Les deux personnes décédées étaient de nationalité française. Quatre autres collaboratrices et collaborateurs de l’EPER, trois ressortissant·e·s français et un Ukrainien, ont été blessés lors de l’attaque. Ils ont entre-temps pu être transportés dans un hôpital situé hors de la zone de danger où ils bénéficient d’un traitement médical compétent. Les collaboratrices et collaborateurs blessés bénéficient en outre d’un soutien psychologique », indique un communiqué de l’ONG, qui précise que l’attaque s’est déroulée à 14 h 30. Le directeur en Ukraine de l’EPER figure parmi les blessés. La quatrième personne touchée est un agent de sécurité ukrainien. Evacués vers Kiev dans la nuit de vendredi à samedi, ils devraient être rapidement rapatriés vers la Suisse ou la France.

« Violation du droit international humanitaire »

L’ONG suisse « condamne fermement cette attaque brutale et injustifiable, qui constitue une grave violation du droit international humanitaire ». Sur X, le président français Emmanuel Macron a qualifié d’ « acte lâche et indigne » l’attaque russe, tandis que le ministre français des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, dénonçait sur le même réseau social « la barbarie russe » visant des civils en Ukraine.

Les autorités ukrainiennes ont ouvert une enquête pour « crime de guerre ». Le Parquet national antiterroriste s’est lui aussi saisi de l’affaire, puisque les victimes sont de nationalité française. L’enquête est ouverte pour « crimes de guerre » et « atteinte volontaire à la vie d’une personne protégée par le droit international humanitaire », notamment. Elle a été confiée aux gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité.

Il vous reste 45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.





Source link