Après la grâce de Boualem Sansal, Emmanuel Macron salue l’aide de l’Allemagne, le « geste d’humanité » de l’Algérie et les « efforts constants de la France »

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L’auteur franco-algérien Boualem Sansal, qui a fait l’objet d’une mesure de grâce du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, à la suite d’une médiation du chef d’Etat allemand, en août 2025.

Boualem Sansal, l’écrivain franco-algérien emprisonné depuis un an en Algérie, a été gracié et va être transféré en Allemagne pour des soins médicaux, a annoncé Alger dans un communiqué, mercredi 12 novembre.

En déplacement à Toulouse, Emmanuel Macron a affirmé que cette libération était « le fruit des efforts constants de la France et d’une méthode faite de respect, de calme et d’exigence ». Il a dit s’être entretenu au téléphone avec le chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier, qui a demandé et obtenu la libération de l’écrivain « pour lui exprimer [sa] profonde gratitude pour les bons offices de l’Allemagne ». « Nous avons travaillé en transparence avec nos amis allemands comme tiers de confiance et je remercie sincèrement le président Steinmeier de s’être rendu disponible », a expliqué le chef de l’Etat français. M. Steinmeier a fait savoir en fin d’après-midi que Boualem Sansal était « en route pour recevoir des soins médicaux en Allemagne ».

« Notre souci a toujours été d’être efficace pour permettre la libération de monsieur Sansal », a assuré Emmanuel Macron. « Je prends acte de ce geste d’humanité du président Tebboune et l’en remercie. Je reste évidemment disponible pour échanger avec lui sur l’ensemble des sujets d’intérêt pour nos deux pays », a-t-il ajouté. Il a enfin dit penser « aussi à notre compatriote Christophe Gleizes », journaliste français toujours détenu en Algérie.

Que l’écrivain « puisse rejoindre ses proches au plus vite »

S’exprimant, plus tôt, à l’Assemblée nationale, le premier ministre français, Sébastien Lecornu, a, lui, fait part de son « soulagement » et a dit souhaiter que l’écrivain « puisse rejoindre ses proches au plus vite » et « être soigné ». Il a aussi « remercié du fond du cœur celles et ceux qui ont contribué à cette libération, fruit d’une méthode faite de respect et de calme », alors que la ligne dure défendue pour ce dossier par l’ancien ministre de l’intérieur et patron de la droite, Bruno Retailleau, avait été contestée. Ce dernier a réagi très sobrement : « Après un an de détention arbitraire, Boualem Sansal va enfin retrouver les siens et retrouver la France à laquelle il avait tant manqué. C’est un immense soulagement et une très grande joie », a-t-il écrit sur le réseau social X.

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, et la cheffe de file des députés du RN, Marine Le Pen, ont aussi exprimé leur « soulagement », en appelant également à la libération de Christophe Gleizes. Mme Le Pen a salué « les efforts de tous ceux qui ont œuvré à ce dénouement ». « Cette libération est une victoire pour la dignité et la liberté d’expression d’un écrivain de courage et de vérité ».

Dans un message sur X, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, a rappelé que « la liberté de penser, d’écrire, de douter et de critiquer triomphe aujourd’hui », en remerciant « l’ensemble des députés (…) pour leur mobilisation sans faille ».

Le chef de file des députés des Républicains, Laurent Wauquiez, s’est réjoui que M. Sansal « retrouve sa liberté et, avec elle, l’espérance de tous ceux qui croient au pouvoir des convictions », en remerciant « ceux qui n’ont jamais renoncé et qui ont porté [le] combat pour sa libération ».

« J’y ai toujours cru », dit sa fille

A travers Boualem Sansal, « ce sont la liberté d’expression, le refus de l’obscurantisme et de l’autoritarisme qui étaient faits prisonniers. C’est un soulagement immense. C’est, surtout, la justice qui l’emporte », a écrit sur X le chef du parti présidentiel, Renaissance, Gabriel Attal.

A gauche, l’ex-président socialiste François Hollande a confié son « émotion et son soulagement » tandis que la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, a remercié « ceux qui ont œuvré pour cette libération, avec calme et détermination ».

« J’y ai toujours cru », a réagi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) l’une des filles de Boualem Sansal, Sabeha Sansal, en affirmant toutefois avoir été « un petit peu pessimiste » car, malade, « il pouvait mourir là-bas ».

Dans un communiqué à l’AFP, Pierre Cornut-Gentille et François Zimeray, les avocats français de l’écrivain se sont dits « heureux que l’humanité ait prévalu sur toute autre considération ».

Sa libération est « une immense joie pour ses lecteurs, ses éditeurs et ses amis du monde entier », a déclaré Antoine Gallimard, président de la maison d’édition du même nom qui publie l’écrivain franco-algérien. « En ce jour heureux, nos pensées les plus amicales s’adressent à Boualem Sansal, à son épouse Naziha, à sa famille et à ses proches ; ainsi qu’à tous les écrivains et journalistes aujourd’hui emprisonnés », a-t-il réagi dans un message transmis à l’AFP.

Le comité de soutien de l’écrivain a déclaré que « la nouvelle de sa libération (…) met fin à l’arbitraire de son incarcération et fait naître l’espoir qu’il pourra recouvrer la santé ».

Dans un communiqué, Thibaut Bruttin, le directeur de l’ONG de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF) a espéré que la grâce de l’écrivain serait suivie de la libération de Christophe Gleizes, qui doit être rejugé en Algérie début décembre.

Le Monde avec AFP

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