

Pour la troisième fois en trois ans et demi, les Portugais vont se présenter aux urnes pour des élections législatives. Le président, Marcelo Rebelo de Sousa, a annoncé, jeudi 13 mars en soirée, la dissolution du Parlement et la tenue d’un scrutin anticipé le 18 mai, après la chute mardi du gouvernement de droite modérée de Luis Montenegro, mis en cause pour une affaire de conflit d’intérêts présumé.
Le chef de l’Etat portugais a justifié sa décision par la volonté d’assurer la stabilité du pays, précisant, lors d’une allocution télévisée, que le 18 mai était « la date préférée par la majorité des partis ». « Ces élections, personne ne s’y attendait, ni ne les souhaitait », dans un contexte international compliqué, a-t-il assuré.
M. Rebelo de Sousa (Parti social-démocrate, PSD, centre droit), qui a reçu mercredi les dirigeants des partis représentés au Parlement, a annoncé sa décision après une réunion, jeudi, du Conseil d’Etat, une instance consultative qui regroupe les plus hautes personnalités politiques du pays convoquée jeudi pour décider d’une issue politique à la crise née de la chute du gouvernement.
Les partis et le conseil d’Etat « ont été unanimes » pour la dissolution et la tenue d’élections, a précisé le président qui a appelé les partis à discuter au cours de la campagne des problèmes « qui préoccupent les Portugais au quotidien » dans les domaines de l’économie ou de la santé.
Eviter l’instabilité politique
A l’origine de la crise qui a touché le premier ministre Luis Montenegro, une entreprise de prestation de services détenue par sa femme et ses enfants ayant des contrats avec plusieurs sociétés privées, parmi lesquelles un groupe dont l’activité est soumise à des concessions accordées par l’État.
S’il a assuré que cette société appartiendrait désormais uniquement à ses enfants, Luis Montenegro n’a pas pour autant convaincu l’opposition, qui lui réclamait davantage d’explications, notamment dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire demandée par les socialistes.
Le chef de l’Etat, qui s’était engagé à aller vite pour éviter que le pays ne plonge dans une situation d’instabilité, avait dit la semaine dernière travailler sur « tous les scénarios ». Il avait la possibilité de tenter, en négociant avec les partis, de former un nouveau gouvernement mais l’issue la plus probable était la dissolution du Parlement et la convocation d’élections anticipées le 11 ou le 18 mai. C’est cette dernière option qui a donc été choisie.
Luis Montenegro candidat à sa succession
Luis Montenegro, 52 ans, avait succédé début 2024 au socialiste Antonio Costa, lui-même déjà contraint à la démission en novembre 2023 à cause d’une affaire de trafic d’influence présumé. M. Costa, qui a toujours nié toute irrégularité, est depuis devenu président du Conseil européen en juin 2024.
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Après huit ans de gouvernement socialiste, l’Alliance démocratique (AD) emmenée par le PSD de M. Montenegro avait remporté les dernières législatives il y a un an avec 28,8 % des suffrages et 80 députés sur un total de 230, contre 28 % des voix et 78 sièges pour le PS. Le parti populiste Chega (Assez) était alors passé de 12 à 50 députés.
M. Montenegro a déjà fait savoir qu’il serait candidat à sa propre succession. « Je ne vais pas baisser les bras, (…) il faudra compter sur moi », a-t-il assuré mercredi soir.
Le chef de l’opposition socialiste, Pedro Nuno Santos, a quant à lui appelé les électeurs à donner une « majorité qui permette à un gouvernement de gouverner ».