Après huit années d’ultraconservatisme, l’école polonaise entame sa révolution

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LETTRE DE VARSOVIE

Dans une école de Varsovie, en mars 2023.

Quand, en décembre 2023, les forces démocrates sont revenues au pouvoir en Pologne après huit années de politique populiste du parti nationaliste Droit et justice (PiS), les attentes de la société civile étaient immenses. Après la remise en ordre de l’Etat de droit, c’est sans doute sur les changements dans le système éducatif que se portaient les plus grands espoirs. C’est aussi dans ce domaine que la coalition démocrate, pourtant très hétéroclite, allant de la gauche au parti conservateur paysan, avait fait les promesses de réformes les plus concrètes.

Car l’école polonaise revient de loin. Le précédent ministre de l’éducation, Przemyslaw Czarnek, un catholique fondamentaliste au langage débridé, était devenu l’incarnation d’une poussée réactionnaire à l’école. Celui qui n’hésitait pas à comparer l’Union européenne à un système « pire que l’Union soviétique » disait au sujet des personnes LGBT+ qu’« il faut arrêter d’écouter ces idioties sur de prétendus droits de l’homme ou une prétendue égalité. Ces personnes ne sont pas égales aux gens normaux ». S’agissant des femmes concernées par une grossesse tardive, il estimait qu’elles « ne font pas ce pour quoi Dieu les a créées ».

Mais, face à la levée de boucliers des enseignants, les tentatives de centralisation du système éducatif et de promotion de valeurs traditionalistes par le PiS ont en grande partie échoué. Les pressions politiques n’en étaient pas moins pesantes et entraînaient une forme d’autocensure de la part du corps enseignant. Les surintendants de l’éducation, ces représentants de l’Etat chargés, au niveau régional, de superviser le système éducatif, exerçaient une coercition réelle sur les chefs d’établissement.

La dépolitisation du système, promesse phare des démocrates, est désormais enclenchée. Les surintendants ont tous été renvoyés par la ministre de l’éducation, Barbara Nowacka. L’atmosphère à l’école a changé : l’édition 2024 du « vendredi arc-en-ciel », journée d’action informelle programmée tous les mois d’octobre par les élèves pour sensibiliser la société à la situation des personnes LGBT+, s’est déroulée dans une atmosphère sereine, alors qu’elle revêtait le caractère d’une action quasi clandestine les années précédentes.

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A l’encontre du concordat

Mme Nowacka ne cache pas ses convictions laïques sur l’école dans un pays où le clergé conserve encore une influence considérable. Une de ses premières batailles a été de réduire le nombre d’heures de catéchisme, de deux à une heure hebdomadaire, prenant acte de la baisse considérable d’élèves inscrits, passés de 93 % des lycéens en 2010 à 54 % en 2022. Cette décision lui a valu une bataille juridique et médiatique à couteaux tirés avec le clergé et les organisations catholiques, qui considèrent que la mesure va à l’encontre du concordat signé entre la Pologne et le Vatican en 1993.

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