Après avoir rompu leurs liens avec le réseau russe, les pays baltes achèvent leur intégration au réseau électrique de l’UE

4109


Le président estonien, Alar Karis, le président polonais, Andrzej Duda, le président lituanien, Gitanas Nauseda, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président letton, Edgars Rinkevics, posent après avoir fait une déclaration commune au palais présidentiel de Vilnius, en Lituanie, dimanche 9 février 2025.

Les pays baltes ont achevé dimanche 9 février leur intégration au réseau électrique européen, après avoir rompu leurs liens avec le réseau russe. « Il y a quelques instants, j’ai reçu une grande nouvelle. La synchronisation du système électrique des pays baltes avec celui de l’Europe continentale a été achevée avec succès », a déclaré le président lituanien, Gitanas Nauseda, à la presse à Vilnius. Il s’est exprimé aux côtés de son homologue estonien, Alar Karis, de son homologue letton, Edgars Rinkevics, de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du président polonais, Andrej Duda.

« Aujourd’hui, nous connectons les pays baltes au réseau électrique de l’Europe continentale. Nous coupons les derniers liens avec la Russie. Nous sommes enfin libérés des menaces et du chantage. C’est un jour historique ! », s’est félicitée Mme von der Leyen sur X.

Anciens Etats soviétiques, la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie, aujourd’hui membres de l’Union européenne et de l’OTAN, s’efforcent de procéder à ce changement depuis que la Russie a envahi l’Ukraine en 2022. Fervents partisans de l’Ukraine, ils redoutaient de faire l’objet d’un chantage de la Russie par le biais de l’approvisionnement en électricité.

« Guerre hybride »

« Il s’agit d’un moment historique qui marque la fin d’un long voyage (…). Nous sommes parvenus à une indépendance énergétique totale. La période de pression et de chantage politiques est enfin terminée », a ajouté M. Nauseda. Les pays baltes ont intégré le réseau européen par l’intermédiaire de la Pologne. C’est « un développement marquant… pour l’ensemble de l’Union européenne », a jugé le président polonais Andrzej Duda, « l’étape finale vers l’émancipation de la sphère de dépendance post-soviétique ».

Au total, 1,6 milliard d’euros, essentiellement des fonds européens, ont été investis dans ce projet. M. Nauseda a appelé à une « action substantielle au niveau de l’Union européenne » pour améliorer les infrastructures critiques des pays baltes. « Il est temps de sécuriser nos acquis. La guerre de la Russie contre l’Ukraine a radicalement transformé la perception des menaces qui pèsent sur les infrastructures critiques en Europe », a-t-il affirmé.

« Les récents incidents impliquant des infrastructures sous-marines dans la mer Baltique sont très préoccupants. Et nécessitent une action ferme », a-t-il poursuivi. Plusieurs câbles sous-marins de télécommunications et d’énergie ont été sectionnés dans la mer Baltique au cours des derniers mois. Certains experts et hommes politiques ont accusé la Russie de mener une « guerre hybride », notamment en ciblant de manière non conventionnelle l’approvisionnement en énergie, ce que Moscou dément.

Ni sabotages, ni perturbations de la Russie

Le projet de déconnexion du réseau russe a pris des années du fait de problèmes technologiques et financiers et du besoin de diversifier l’approvisionnement par le biais notamment des câbles sous-marins. Les pays baltes ont cessé depuis 2022 d’acheter du gaz et de l’électricité russes, mais leurs réseaux sont restés connectés à la Russie et à la Biélorussie, si bien que la régulation de la fréquence était contrôlée par Moscou.

Le Monde Mémorable

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Découvrir

Aussi dépendaient-ils toujours de la Russie pour un flux d’électricité stable, crucial pour les appareils nécessitant une alimentation électrique fiable, notamment dans l’industrie. Les trois pays se sont déconnectés samedi matin du réseau russe sans incident. Ni sabotages ni perturbations : les opérateurs des réseaux baltes ont assuré que la Russie avait coopéré.

« La plus grande surprise » samedi est « qu’il n’y a pas de surprise », a ainsi déclaré à l’Agence France-Presse l’opérateur letton AST. Le ministre de l’énergie ukrainien, German Galushchenko, a salué samedi cette déconnexion comme un « événement important pour toute l’Europe ». « De telles mesures privent l’agresseur de la possibilité d’utiliser le secteur de l’électricité à des fins de chantage et de jeux politiques », s’est-il réjoui.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu



Source link