Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, refuse de se présenter devant la commission d’enquête sur le scandale des eaux

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Le secrétaire général de la présidence française, Alexis Kohler, au palais de l’Elysée, le 23 décembre 2024.

Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a décliné la convocation d’une commission d’enquête sénatoriale sur le scandale des eaux en bouteille, invoquant le motif de « séparation des pouvoirs » à la veille de son audition, a annoncé lundi 7 avril l’Elysée.

Le proche collaborateur d’Emmanuel Macron, qui s’apprête à quitter ses fonctions, devait être entendu par les sénateurs mardi après-midi, dans le cadre de cette commission d’enquête créée en novembre, à la suite des révélations de la presse sur des traitements possiblement illicites d’eaux minérales.

Auprès de l’Agence France-Presse, le sénateur socialiste Alexandre Ouizille, rapporteur de cette commission d’enquête, s’est dit « surpris » de cette décision. « Cela ne correspond pas à l’esprit qui était celui des échanges qu’on a eus avec l’Elysée », a-t-il regretté, rappelant que la présidence de la République avait accepté de livrer des documents à cette commission d’enquête.

« Je ne vois pas en quoi le fait de nous envoyer des documents ne serait pas couvert par le principe de séparation des pouvoirs et pourquoi le fait de venir en audition le serait. C’est une incohérence », a ajouté le socialiste, sans vouloir s’avancer sur d’éventuelles poursuites judiciaires postérieures à ce refus.

Selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne dont une commission d’enquête a jugé l’audition utile, est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée. La personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement, et de 7 500 euros d’amende.

Cette audition était particulièrement attendue depuis de nouvelles révélations en février concernant une rencontre entre des représentants de Nestlé et Alexis Kohler, à la suite de laquelle le gouvernement aurait autorisé le plan de transformation du groupe. Ce plan consiste à retirer les traitements non conformes (filtres à charbon et UV) et à les remplacer par une microfiltration à 0,2 micron dont la légalité a été le sujet de nombreuses auditions de la commission.

Emmanuel Macron avait démenti être au courant de cette rencontre, ajoutant qu’il n’y avait eu ni « entente », ni « connivence », et Nestlé a de son côté démenti avoir exercé une forme de lobbying.

La commission en passe de conclure ses auditions

M. Kohler, qui quittera l’Elysée mi-avril après huit ans aux côtés du président de la République, avait déjà décliné la convocation d’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le dérapage budgétaire à la fin de l’hiver, invoquant les mêmes raisons.

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Après avoir entendu des dizaines de personnes, dont trois ministres ou anciens ministres, leurs collaborateurs, des dirigeants de Nestlé, des ONG, des élus locaux, des responsables de l’administration, mais aussi les journalistes à l’origine des révélations ou des chercheurs spécialistes des eaux, la commission est en passe de conclure ses auditions.

Le directeur général de Nestlé, Laurent Freixe, sera auditionné mercredi, une « dernière chance » pour le groupe d’expliquer quand et pourquoi des traitements non conformes ont été mis en place, selon le président de la commission, Laurent Burgoa, qui a plusieurs fois déploré le manque de coopération de l’entreprise. Le rapport de la commission sera présenté le 19 mai prochain.

Lire l’enquête | en janvier 2024 Article réservé à nos abonnés Eaux en bouteille : des pratiques trompeuses à grande échelle

Le Monde avec AFP

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