A Vannes, une guerre de clochers pour l’héritage du curé

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L’église Saint-Guen, à Vannes, le 11 décembre 2024.

A la barre du tribunal correctionnel de Vannes, jeudi 9 janvier, Anne S. triture ses mains. Cette notaire à la retraite cherche du regard les autres prévenus de cette affaire d’abus de confiance, avant de comprendre qu’elle sera seule dans le prétoire. Raymond Centène, évêque de Vannes, et deux autres membres du diocèse mis en cause, ne viendront pas s’expliquer sur le présumé détournement de l’héritage du père Berchmans Le Pipe.

« J’aurais aimé qu’ils soient là. Personne n’est au-dessus de la loi. Je ne plaide pas pour bouffer du curé. Je voulais entendre monseigneur Centène témoigner en nous regardant droit dans les yeux », tance Nicolay Fakiroff, avocat des Amis de l’église Saint-Guen de Vannes. L’association œuvre à la valorisation de cet édifice à l’architecture atypique, bâti dans les années 1960 à l’initiative de l’abbé Berchmans Le Pipe. La structure accuse le diocèse et la notaire d’avoir « tout fait » pour « dissimuler » le testament du prêtre.

La présidente du tribunal lit ce document rédigé en 2015, un an avant le décès du curé. Sur ce papier remis à Anne S., Berchmans Le Pipe écrit vouloir nommer l’association diocésaine de Vannes « légataire universelle » afin qu’elle affecte ses biens aux Amis de Saint-Guen de Vannes. A la barre, la notaire confirme sans ambiguïté la volonté du curé de transmettre son patrimoine, d’une valeur de 300 000 euros, à l’association plaignante, après l’avoir fait transiter par celle du diocèse : « L’évêché lui avait dit de procéder ainsi pour éviter de payer des droits de succession. Moi, j’ai transféré les fonds de la vente de la maison du défunt au diocèse. Ce n’était pas mon rôle de vérifier ce qui en était fait ensuite.  »

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