

C’est une frustration, doublée d’un troublant mystère. Où sont donc passées nos toutes premières années de vie ? Les événements que nous avons vécus durant nos trois premières années d’existence, en effet, semblent s’être évaporés de notre cerveau.
Ce grand vide, dans notre mémoire d’adulte, a été baptisé « amnésie infantile » par Sigmund Freud. Mais d’où vient cet apparent oubli de notre petite enfance ? Notre cerveau était-il trop immature pour encoder des traces de souvenirs, même rudimentaires ? Ces traces ont-elles été formées dans le cerveau du petit enfant que nous fûmes, avant d’être effacées – faute de consolidation ? Ou bien subsistent-elles à l’état latent, mais inaccessible au rappel ? La réponse n’est pas simple, car l’étude du cerveau du nourrisson pose un défi technique.
Une équipe américaine a relevé ce défi. Son travail, publié dans la revue Science le 21 mars, révèle une surprise. Dès l’âge de 12 mois, l’hippocampe humain semble capable d’encoder des ébauches de « souvenirs épisodiques », ces socles de notre mémoire autobiographique – bien avant, donc, l’âge des premiers souvenirs que nous pouvons raconter, une fois adultes.
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