A Souweïda, dans le sud de la Syrie, Druzes et Bédouins enfermés dans la haine

2061


Trois petits lits simples, une kitchenette et des colis d’aide alimentaire. Voilà tout ce qu’il reste à Abir Al-Turki, son fils Yazen et son frère Samer. Depuis qu’ils ont fui Rasas, leur village de la province à majorité druze de Souweïda, le 17 juillet, pendant les affrontements qui ont opposé les forces gouvernementales aidées de tribus bédouines aux factions druzes de Souweïda, les autorités syriennes les ont relogés dans l’un des hôtels situés près du mausolée chiite de Sayyida Zeinab, dans le sud de Damas, avec 5 000 autres Bédouins de Souweïda.

Le dénuement n’est rien face au tourment que connaît Abir Al-Turki depuis ce jour. Le 17 juillet, sept de ses proches – dont sa mère âgée – ont été enlevés par une centaine d’assaillants. « Ce sont nos voisins druzes qui nous ont attaqués. Nous n’avons offert aucune résistance, nous n’avions pas d’armes, dit cette employée d’école de 42 ans. Certains disaient vouloir nous protéger mais les adolescents étaient durs. Ils disaient : “Tuez tous les Bédouins que vous voyez”. »

Abir Al-Turki et son fils de 20 ans ont réussi à fuir. Une fois en sécurité, elle a appelé le cheikh Hamza Hamza, le chef druze de Rasas, qu’elle avait reconnu parmi les assaillants. « Il partageait le couvert avec mon père à l’époque. Je l’ai supplié de me dire où sont mes proches. Il n’a pas répondu, déplore-t-elle. Je ne comprends pas. Je sais qu’une partie de nos voisins druzes refusent cela mais ils ne peuvent pas tenir tête aux autres. » Déplacée de force comme 50 000 Bédouins de Souweïda, Abir Al-Turki ne voit plus d’avenir avec ses anciens voisins druzes. « Tant qu’il reste des Druzes armés, on ne se sentira pas en sécurité pour rentrer. On a tout perdu. Où est la justice ? », demande la mère de famille.

Il vous reste 78.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link