« A peine élu, Léon XIV prononce des paroles aux antipodes de l’esprit vengeur qui semble avoir saisi les Etats-Unis »

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Si l’Esprit saint a vraiment inspiré les cardinaux de ce conclave, qui n’ont pas traîné à choisir le « meilleur d’entre eux », on peut dire qu’il a stoppé net la désorientation et les incertitudes qu’on leur prêtait, en même temps que nos spéculations les plus savantes. Son « messager » arrive concomitamment aux violentes prémices d’un inquiétant conflit entre l’Inde et le Pakistan. Il s’exprime au mitan de deux jours d’une commémoration d’armistice, célébrée dans la division et le révisionnisme historique. Enfin, à peine élu, le nouveau pape prononce certes des paroles aux antipodes de la fureur de l’époque, mais aussi aux antipodes de l’esprit vengeur qui semble avoir saisi son pays de naissance.

Il n’a échappé à personne que ce pape était américain, avec un nom de famille français et des ancêtres italiens et espagnols. Il est né dans l’Illinois, cette terre ancienne où l’influence catholique a précédé la recolonisation anglaise, l’incorporation dans l’Union et les vagues de migration européenne. Comment ne pas considérer comme frappante cette concordance ? Le cardinal Prevost devient le premier pape venu des Etats-Unis, au moment précis où son pays semble dévaler la pente des inimitiés intérieures et de la démoralisation internationale. Comme aurait dit le premier pape polonais de la guerre froide, Jean Paul II, difficile de ne pas y voir « un signe des temps ».

En effet, en un petit discours, Léon XIV a réarticulé la priorité des priorités des catholiques autour de l’axe à la fois ardu et simplissime de leur foi : vivre la paix en eux et la transmettre, entre eux et autour d’eux, comme un antidote collectif et fécond pour un monde détraqué, qui fabrique à la pelle de la discorde mortelle.

Enrôlement politique national-trumpien

La première des paix est donc, pour ce nouveau pape, dès ses premières paroles, celle qui règne entre catholiques : « Tous unis pour être un seul peuple [de Dieu] toujours dans la paix. (…) Prions ensemble pour cette nouvelle mission, pour toute l’Eglise. » On peut entendre ces appels comme un message à peine subliminal aux catholiques américains dont la fracture apparente contamine les autres Eglises occidentales. L’importance du catholicisme américain en matière d’influence, jamais assez soulignée, fait qu’ils polarisent aussi les autres espaces catholiques.

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