

Certains cumulent des dettes de plusieurs dizaines de milliers d’euros. D’autres retirent chaque mois l’intégralité de leur salaire en liquide pour échapper aux saisies du Trésor public. Tous s’estiment victimes de la pratique de « multiverbalisation » parfois mise en œuvre par la police.
Une étude intitulée « Amendes, évictions, contrôles : la gestion des “indésirables” par la police en région parisienne » et publiée « avec le soutien de la Défenseure des droits [Claire Hédon] », mercredi 9 avril, montre des pratiques « d’éviction de l’espace de public » répétées, systématiques et enracinées dans la pratique policière envers certaines catégories de la population, « des hommes jeunes, racisés, d’origine subsaharienne ou nord-africaine en jogging et en groupe, bref, la figure typique du jeune de quartier populaire », révèle Aline Daillère, chercheuse au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), coautrice de l’étude avec Magda Boutros, du Centre de recherche sur les inégalités sociales (Cris) de Sciences-Po.
Deux enquêtes ont servi de fondements à ces analyses : la première est ancienne et repose sur l’examen des consignes et des pratiques policières en matière de contrôles et d’évictions des « indésirables » dans le 12e arrondissement de Paris entre 2013 et 2015 ; elle est complétée par quarante-quatre entretiens de jeunes « multiverbalisés et multicontrôlés » menés entre 2019 et 2024 dans plusieurs quartiers de la région parisienne, dont trois de la petite couronne. Enfin, plus de 1 200 amendes forfaitaires délivrées dans ces mêmes quartiers ont été décortiquées.
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