A Nouméa, l’hôpital confronté aux départs de ses soignants

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François-Noël Buffet, ministre chargé des outre-mer, à Nouméa, le 16 octobre 2024.

Les abords du Médipôle, le grand hôpital ultramoderne de Nouméa, ont repris une apparence normale. Point chaud de l’insurrection du printemps, cerné de barrages indépendantistes, il avait pris des allures de forteresse assiégée, tandis qu’affluaient aux urgences émeutiers brûlés, forces de l’ordre touchées, blessés par balle des deux camps. Si le bâtiment du centre de dialyse, attaqué dès les premières heures, le 13 mai, demeure hors d’usage, et que deux carcasses de véhicules stationnent encore, isolées, sur des parkings alentour, l’accès se fait désormais sans encombre.

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Mais la crise est loin d’avoir fini de produire ses effets derrière les murs du centre hospitalier. Le Médipôle, dans lequel le ministre chargé des outre-mer, François-Noël Buffet, a achevé son déplacement de quatre jours en Nouvelle-Calédonie, samedi 19 octobre, affronte une hémorragie de soignants dont il pourrait ne pas se relever.

Au service de dialyse, le docteur Nicolas Quirin attendait un médecin remplaçant qui ne viendra pas, et une assistante qui devait rejoindre l’équipe s’est désistée. La capacité de prise en charge a chuté de près de 60 %. « Dans certains services, l’équipe a tenu, dans d’autres, elle s’est effondrée », commente le médecin.

Postes vacants

Le service de neurologie, lui, a perdu deux médecins sur cinq. Cinq des dix gynécologues sont partis et les gardes qu’ils assuraient au soutien des dispensaires du nord du territoire ne peuvent plus être assurées comme avant. En oncologie, pire, les trois médecins ont plié bagage.

La pneumologie s’est rétractée sur un petit espace, et le ministre en visite emprunte un couloir entièrement vidé de son activité. Le service ne dispose plus que de deux médecins sur six ; il a fermé dix-huit lits dès le mois de juin. « Nous avons des difficultés dans le suivi des patients. Et nous faisons face de plus en plus à des problèmes médico-légaux. Heureusement que les gens ne sont pas très procéduriers ici », note le docteur Cristian Boboc.

A l’échelle de l’hôpital, les « métropolitains », qui représentent un quart de l’effectif des médecins, risquent d’être nombreux à vouloir partir. « Certains cherchent à vendre leur maison. Le gros des départs va se faire avant juillet, pour la rentrée des classes de septembre. Nous redoutons cette période », souligne le président de la commission médicale de l’établissement, le docteur Thierry de Greslan. « Il y a un deuil à faire sur ce qu’il s’est produit. Le déni est passé, il reste la colère et la tristesse. » Selon ce professionnel, « si les départs atteignent 25 % de l’effectif, la situation peut basculer et l’hôpital s’effondrer. On voit déjà l’absentéisme augmenter ».

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