
Vendredi 23 mai, 9 h 37. Un homme de 28 ans, vivant habituellement en Italie et en détresse manifeste, aborde un agent de circulation, dans le sud de Manhattan, à New York. Couvert de blessures et les poignets encore marqués par les liens destinés à le ligoter, selon NBC New York, il affirme avoir été kidnappé, battu et séquestré par un certain John Woeltz.
La victime, dont l’identité reste inconnue, dit avoir réussi à s’échapper d’un appartement luxueux du quartier de Nolita [abréviation de North Little Italy], où il était arrivé le 6 mai. Il y aurait été séquestré et torturé par John Woeltz et un complice. Les deux hommes auraient cherché à lui faire avouer, d’une manière particulièrement brutale, le code permettant d’avoir accès à son portefeuille de bitcoins, dans le but de les lui voler.
Des preuves de torture
A son arrivée dans l’appartement, les deux hommes lui ont confisqué de force ses appareils électroniques et son passeport, et demandé les codes d’accès à ses bitcoins. Après son refus, ils l’auraient torturé plusieurs jours : l’homme affirme avoir été attaché, électrocuté, frappé d’un fusil, avoir eu une arme pointée vers son visage, s’être fait suspendre dans le vide du cinquième étage de l’immeuble. Ces ravisseurs auraient également menacé de tuer des membres de sa famille.
La victime aurait réussi à s’échapper qu’après avoir finalement donné accès à son portefeuille de bitcoins, selon CNN ; l’homme ayant profité du fait que John Woeltz et son complice aillent tester la combinaison sur un ordinateur situé dans une autre pièce pour parvenir à s’enfuir de l’appartement.
John Woeltz a été arrêté quelques heures plus tard, en peignoir, sous l’œil des passants et des caméras, rapporte NBC News. Dans l’appartement, la police dit avoir retrouvé de nombreuses preuves des tortures infligées à la victime, selon le New York Times. Parmi elles : une arme, des instruments de torture électrique, mais aussi des photos Polaroid de la victime attachée et menacée par une arme.
L’homme, dont les jours ne sont pas en danger, a immédiatement été emmené à l’hôpital pour être soigné. Selon les commentaires livrés par les enquêteurs aux médias américains, ses liens avec John Woeltz, qu’il connaissait manifestement avant son arrivée, le 6 mai, dans cet appartement luxueux loué à New York, restent à éclaircir. On ne sait pas combien de bitcoins étaient en sa possession, ni s’ils lui ont été volés.
« Le crypto king du Kentucky »
Après son arrestation, John Woeltz a lui été formellement inculpé samedi 24 mai au tribunal pénal de Manhattan. Il a plaidé non coupable des chefs d’accusation de kidnapping, de possession illégale d’armes, d’agression et de séquestration, selon des documents de la cour criminelle de New York. Son avocat a refusé tout commentaire à la presse. Mais M. Woeltz reste maintenu en détention jusqu’à une prochaine audience prévue le 28 mai, précise le Guardian.
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Les autorités ont évoqué les risques qu’il puisse fuir le pays grâce à son jet privé et son hélicoptère, selon CNN. Pour NBC New York, l’origine de la richesse de John Woeltz, surnommé « le crypto king du Kentucky », proviendrait de son activité d’achat et de revente de cryptomonnaies. Le complice avec qui il aurait torturé la victime est toujours en cavale, et activement recherché par les autorités américaines.
L’affaire, particulièrement violente, rappelle différentes tentatives récentes en France d’obtenir par la force des cryptomonnaies de victimes d’enlèvement. Ces derniers mois, plusieurs dirigeants de sociétés spécialisées, ainsi que leurs proches, ont ainsi été les cibles de malfaiteurs. La dernière tentative d’enlèvement, avortée mais spectaculaire, a eu lieu en pleine rue à Paris. Au point que Bruno Retailleau, ministère de l’intérieur, a lancé le 16 mai un groupe de travail avec les acteurs de la filière en vue d’un plan d’action pour rehausser le niveau de sécurité et répondre aux inquiétudes du secteur.