« Maman, ça veut dire quoi, “complotiste avec le Hamas” ? » Quand son fils lui pose cette question, Fatima ne comprend d’abord pas de quoi il s’agit. Mais, si Karim (tous les prénoms des enfants ont été modifiés), scolarisé en 5e au collège Pasteur de Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, pose des questions sur l’attaque terroriste du 7 octobre 2023, c’est que, pendant des mois, il a été victime d’insultes en lien avec ses origines maghrébines.
Ses parents ont déposé plainte pour des faits de harcèlement scolaire avec des injures à caractère raciste au commissariat de la commune, le 21 mars, contre quatre camarades de classe de leur fils, tous de confession juive : Ethan, Amos, Adam et Samuel. Une autre plainte contre X pour des faits de harcèlement scolaire à caractère raciste et pour non-assistance à personne en danger a été déposée par leur avocat, le 10 mai, au parquet de Nanterre. A l’issue de quatre conseils de discipline, les camarades de Karim, un temps exclus, ont réintégré le collège, répartis dans d’autres classes. Karim, lui, est en arrêt maladie jusqu’à la fin de l’année scolaire.
« Complotiste avec le Hamas », « terroriste », « Sarrasin », « sale Arabe », « lanceur de roquettes » sont autant d’insultes que Karim rapporte avoir entendues, de manière répétée, depuis le 7 octobre, et dont font état les plaintes que Le Monde a consultées.
Le 20 mars, les parents de Karim prennent contact avec le collège, après avoir entendu le récit de leur fils. Le lendemain, il est convoqué avec ses camarades. « Ils étaient quatre et j’étais tout seul, se souvient Karim. Ils ont reconnu les insultes les moins importantes et nié les choses les plus graves. » La confrontation directe des élèves impliqués dans un harcèlement est déconseillée par l’éducation nationale, qui préconise d’écouter les enfants séparément. Le collège Pasteur et le rectorat de Versailles n’ont pas répondu au Monde sur ce point.
« Torts partagés » pour le collège
Les quatre camarades de Karim et leurs familles affirment que le garçon aurait, lui aussi, proféré des insultes. Karim reconnaît une tirade grossophobe à l’égard de Samuel, et dit avoir insulté la mère d’Adam. « Le collège a considéré que les torts étaient partagés, comme si toutes ces insultes se situaient sur le même plan », s’agace Morade, le père de Karim. Les quatre élèves concernés ont également raconté avoir entendu, de la bouche de leur camarade, la phrase : « Vous, les feujs, vous avez de l’argent. » « J’ai dû demander à ma mère ce que signifiait ce mot », conteste Karim, en haussant les épaules.
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