A Marseille, la destruction des logements sociaux de La Renaude suscite l’incompréhension

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L’entrée de la cité de La Renaude, dans le 13e arrondissement de Marseille, le 8 septembre 2021.

A sa fenêtre, Yamina Amara se prend la tête entre les mains. La septuagénaire est l’une des dernières habitantes du bâtiment A de La Renaude. Un ensemble social du 13e arrondissement de Marseille qui comptait encore plusieurs centaines de résidents en 2022 et qui a désormais des allures de cité fantôme. Au-dessus et en dessous du troisième étage de Mme Amara, les appartements ont été vidés. Certains sont murés, d’autres, fenêtres brisées, laissés ouverts aux quatre vents. L’eau des pluies s’infiltre partout. Dès la cage d’escalier, une odeur d’humidité et de moisissures prend à la gorge.

Dans son type 4, qui lui coûte 450 euros par mois charges comprises, Yamina Amara a disposé des bassines sous tous les plafonds. La peinture se détache. Rien n’est sec. « Une dame de la ville est venue faire des mesures… Elle m’a dit : “Tous les murs sont gorgés d’eau” », raconte la retraitée, qui a élevé ici ses quatre enfants et vit désormais avec son frère, Nordine, délogé de son appartement voisin. Trois entrées plus loin, Fatamba Fall, dernière locataire du bâtiment B1, a scotché au mur de son hall une boîte en carton qui porte son nom. « Un matin, les employés du bailleur ont pris les boîtes aux lettres sans rien dire… », s’étonne-t-elle.

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Dans une ville où près de 50 000 demandeurs attendent un logement social et qui a été menacée par le préfet des Bouches-du-Rhône en 2023 d’une procédure de carence pouvant mener à une sanction financière ou à une mise sous tutelle de l’Etat, le destin de La Renaude interroge. Construit en 1965, cet ensemble de cinq bâtiments et cent onze appartements est la propriété d’Habitat Marseille Provence (HMP), office public d’habitat de la métropole Aix-Marseille-Provence, présidée par l’ex-Les Républicains (LR) Martine Vassal. La cité occupe un foncier bien situé, bordé par les espaces apaisés du cimetière de Saint-Jérôme et du pôle universitaire scientifique, à proximité de la voie rapide L2. La vue sur les collines environnantes y est parfaite.

Deal et fusillade

Le 28 novembre 2022, HMP a annoncé aux locataires lors d’une réunion publique son intention de procéder à la démolition des lieux. « Nous étions dos au mur. Un point de deal s’était installé et avait fait fuir une partie de nos locataires, dont les appartements ont été ensuite squattés », justifie Patrick Pappalardo, conseiller métropolitain LR. Président d’HMP depuis septembre 2020, cet élu qui aime rappeler que sa tâche à la tête du bailleur social est bénévole assure que la décision de démolition n’est pas unilatérale. « Elle a été prise conjointement à l’issue d’une réunion avec les services de la préfecture des Bouches-du-Rhône et ceux de la ville de Marseille en 2021 », détaille-t-il.

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