A Lyon, les organes sur puce se fabriquent à la chaîne

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A quoi peut bien ressembler une usine d’organes sur puce ? N’allez pas imaginer une bruyante chaîne d’assemblage où circuleraient foies, muscles ou poumons marinant dans des bocaux reliés à des ordinateurs. La réalité est à la fois moins spectaculaire et plus technique : chez Netri, une start-up lyonnaise, l’unité de production inaugurée le 4 février tient dans un enchaînement de petites « salles blanches », où s’activent les équipes en combinaison et masque couvrant, dans une atmosphère pressurisée pour filtrer la moindre poussière. Florian Larramendy, directeur technique et cofondateur de Netri, nous fait longer un couloir vitré qui permet de voir ce qui s’y passe, sans perturber la production.

Dans une des « salles blanches » de la start-up Netri, à Lyon, le 13 février 2025.

Il y a d’abord la fabrication des dispositifs microfluidiques, qui tiennent dans la paume d’une main. Différents types cellulaires y seront cultivés et nourris à travers de petits puits, reliés entre eux par des microcanaux. Netri a choisi de mouler un silicone poreux, le polydiméthylsiloxane (PDMS), qui assure naturellement l’oxygénation de ces cellules. « De ce fait, nous n’avons pas besoin de pompes », indispensables avec les plastiques durs, explique l’ancien ingénieur de recherche au CNRS. L’inconvénient du PDMS, c’est sa tendance à récolter poussières et bulles d’air, ce qui implique de scanner chaque module pour s’assurer que les microcanaux où les liaisons nerveuses doivent pousser ne sont pas obstrués. Puis il y a l’assemblage, pour les aligner précisément avec les électrodes qui capteront les signaux électriques émis par des neurones.

Vient ensuite l’étape de la mise en culture. Les dispositifs sont ensemencés d’un côté avec ces cellules nerveuses, et de l’autre par des cellules représentant l’organe visé. « On reproduit ainsi le circuit allant du cerveau à l’organe cible », résume M. Larramendy. L’ensemble est mis à incuber dans un robot nourrisseur qui manie les pipettes sans faillir, pendant environ trois semaines, le temps que les liaisons nerveuses s’établissent entre les deux types cellulaires.

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