Les piétons déambulent sur une étendue d’herbe bordée de pots de fleurs géants entre la boutique Omega et le grand magasin Selfridges. Cette image de synthèse donne un aperçu des plans du maire de Londres, Sadiq Khan, pour rendre Oxford Street piétonne à l’horizon 2027. La rue, fréquentée par les touristes depuis la fin du XIXe siècle, est actuellement ouverte aux bus et aux taxis noirs, censés avoir quitté les lieux dans trois ans.
« Oxford Street était autrefois le joyau de la couronne de la vente au détail au Royaume-Uni, mais elle a durement souffert durant la dernière décennie, a déclaré le maire, en annonçant son projet. Nous devons agir urgemment pour redonner vie à la rue la plus connue de la nation. »
Déjà touchée par le commerce en ligne et l’ouverture des deux mégacentres commerciaux Westfield, aux extrémités ouest et est de la ville, la fameuse artère a vu le nombre de visiteurs plonger pendant la pandémie de Covid-19. La crise du coût de la vie qui a frappé le Royaume-Uni au sortir de cet épisode sanitaire lui a porté un rude coup.
Plusieurs enseignes de premier plan, dont certaines présentes depuis plus d’un siècle, ont dû fermer leurs portes, à l’image de Debenhams, House of Fraser et Topshop. Courant 2023, le taux de vacance s’élevait à 15,6 %. Cependant, les devantures ne sont pas restées vides longtemps. La rue s’est remplie de magasins vendant des souvenirs bon marché, des confiseries américaines et des vapoteuses. Ornées de lumières clignotantes et diffusant de la musique à plein volume, ces enseignes ont complètement changé l’ambiance du lieu.
Enquête sur vingt-six magasins
La petite criminalité (vols, incivilités) a plus que doublé depuis début 2022, selon les chiffres de la police. Au cours de l’été 2023, les forces de l’ordre se sont livrées à une bataille rangée avec une bande d’adolescents venus dévaliser les enseignes sportives, à la suite de la diffusion d’un appel sur les réseaux sociaux.
Peu auparavant, le Westminster City Council − les autorités locales du quartier de Westminster − avait ouvert une enquête sur vingt-six magasins de bonbons américains, tous situés sur Oxford Street, les accusant d’avoir échappé à 9,2 millions de livres (11 millions d’euros) de taxes. La plupart appartenaient à des sociétés-écrans domiciliées dans des centres offshore, rendant l’identification de leurs bénéficiaires réels ardue.
Plus de 1 million de livres de biens contrefaits – notamment des montres Rolex et des produits Apple – ainsi que des vapoteuses contenant des taux de nicotine dépassant les normes légales ont également été saisis sur l’artère. N’attirant pas suffisamment de clients pour être viables, ces enseignes servent sans doute de façade « pour commettre d’autres délits », ont estimé les autorités locales, laissant planer un soupçon de blanchiment d’argent.
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