A l’éducation nationale, cafouillages en cascade sur l’éducation à la sexualité

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Le ministre délégué à la réussite scolaire, Alexandre Portier, prend la parole lors de la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 6 novembre 2024.

A quoi joue l’éducation nationale sur l’éducation à sexualité ? Mercredi 27 novembre, devant les sénateurs, le ministre délégué à la réussite scolaire, Alexandre Portier, a déclaré que « la théorie du genre [n’avait] pas sa place à l’école ». Il répondait à une question du sénateur Max Brisson (Les Républicains, Pyrénées-Atlantiques) sur le programme d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité (à partir du collège), que le ministre ne juge « en l’état pas acceptable ». Le texte est en cours de finalisation avant un vote prévu à la mi-décembre au Conseil supérieur de l’éducation. La formule a déclenché l’ire des syndicats enseignants et de diverses institutions et associations de défenses des droits des enfants et des minorités.

En effet, il n’existe pas de théorie du genre, vocable utilisé comme repoussoir par un courant réactionnaire, mais des études sur le genre. De nombreux observateurs ont perçu dans cette formule la marque d’une droite qui refuse que l’éducation à la sexualité soit abordée au sein de l’école. Celle-ci est déjà prévue par une loi de 2001, à raison de trois séances par an, rarement effectuées dans les faits. Le nouveau programme fait par ailleurs l’objet, depuis plusieurs jours, d’une offensive conservatrice dans des médias appartenant à Vincent Bolloré, comme Le Journal du dimanche.

Les propos d’Alexandre Portier, qui ont, à eux seuls, provoqué des réactions, ont en outre semé un véritable imbroglio gouvernemental. L’entourage de la ministre de l’éducation nationale, Anne Genetet, a pris l’initiative d’informer les journalistes, dans la soirée de mercredi, que les deux ministres étaient sur la même ligne : « La théorie du genre n’a pas sa place à l’école », indiquait-on, avant d’assurer que l’expression « identité de genre » ne figurerait pas dans la version définitive du programme. Lundi, pourtant, l’équipe de Mme Genetet affirmait encore au Monde que « l’identité de genre [faisait] partie des motifs de discrimination inscrits dans le code pénal ».

« Moment de flottement »

Au cours d’un déplacement qui réunissait les deux ministres dans la matinée du jeudi 28 novembre, Anne Genetet a repris la main, affirmant « piloter » le programme. Elle a répété plusieurs fois que « la théorie du genre [n’existait] pas », et qu’il n’y avait, sur ce sujet, « qu’une seule ligne, celle du ministère ».

Que s’est-il passé ? Dans les couloirs de l’éducation nationale, on évoque un « moment de flottement ». Selon nos informations, il n’a en réalité jamais été question de supprimer la notion d’identité de genre du programme d’éducation à la sexualité. Dans l’entourage d’Anne Genetet, on reconnaît une « erreur » sur ce point, la ministre ayant souhaité « un allègement, et non une suppression ». De dix-sept occurrences dans la dernière version, on serait passé à « moins d’une dizaine », soutient-on, toujours dans l’idée de lutter contre les discriminations.

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