De la mosquée Al-Omari, la toute première de Gaza, construite au VIIe siècle, il ne reste plus guère que certains pans de murs et le minaret. Le bâtiment, édifié sur les fondations d’un temple philistin, puis d’une église byzantine, a été largement détruit par un bombardement israélien le 8 décembre 2023. Sa bibliothèque, bâtie tout contre, et où étaient gardés de rares manuscrits dont les plus anciens datent du XIVe siècle, a subi le même sort.
Idem pour le palais du Pacha, devenu musée en 2010, construit à Gaza sur ordre du sultan mamelouk Baïbars au XIIIe siècle, et où Napoléon aurait séjourné : il a été en partie ravagé par les bombes israéliennes. Dans le quartier chic d’Al-Rimal, dans la ville de Gaza, le centre culturel Rashad-Shawa, rare exemple de l’architecture brutaliste en Palestine, qui date des années 1980, a lui été pulvérisé.
Cimetières grecs, vestiges égyptiens, marchés ottomans ou immeubles Bauhaus, « le patrimoine de Gaza est vraiment très important et, malheureusement, il n’a pas reçu l’attention qu’il méritait par le passé », remarque Raymond Bondin, expert maltais sur le patrimoine mondial, qui s’occupe notamment du plan de conservation et de gestion du site gazaoui du monastère de Saint-Hilarion.
Surveillance par satellite
Dans l’enclave, ces vestiges et lieux de vie historiques constituaient les témoins de la riche histoire de ce territoire, jadis carrefour entre deux continents et important port méditerranéen. Ils ont été durablement dévastés depuis le début de l’offensive israélienne, lancée après le 7 octobre 2023, qui a tué plus de 27 000 Palestiniens. Selon un rapport d’Icomos, une ONG qui œuvre à la conservation de sites et de monuments historiques dans le monde, sur 350 lieux répertoriés à Gaza, plus de deux cents ont été partiellement ou complètement détruits.
L’ancien port grec d’Anthédon, le premier de l’enclave, situé au nord de la ville de Gaza, et qui figurait sur une liste indicative en vue d’un possible futur classement au Patrimoine mondial de l’humanité à l’Unesco, a ainsi « été presque complètement détruit », déplore M. Bondin.
A cela s’ajoutent tous les vestiges archéologiques enfouis sous le dense tissu urbain gazaoui. « Le ministère palestinien du tourisme et des antiquités avait calculé qu’il y avait une centaine de sites importants [encore à découvrir]. Ils sont probablement plus nombreux. Sans compter les nombreuses maisons de la période islamique et ottomane dans la ville de Gaza, dont certaines étaient vraiment très belles, et qui ont été détruites », regrette l’expert. Il juge que, contrairement à la Libye, où il a travaillé, à Gaza les destructions touchent aussi des sites historiques majeurs.
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