A Clacton-on-Sea, Nigel Farage prospère sur la peur des migrants pour les élections parlementaires

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Nigel Farage, chef de file de Reform UK (au centre), le 20 juin 2024, à Blackpool, dans le nord-ouest de l’Angleterre.

Avec sa grande roue, sa jetée aux planches un peu branlantes sous le poids des manèges et son centre-ville envahi par les magasins de seconde main, Clacton-on-Sea, dans l’Essex, est l’une de ces villes côtières typiquement britanniques, à l’atmosphère désuète et un peu déprimante. Elle fut une destination touristique populaire jusque dans les années 1970 et l’apparition des voyages à bas coût en Mediterrannée. Depuis, son attrait s’est évanoui.

Le taux de chômage dans cette ville de 53 000 habitants est l’un des plus élevés du Royaume-Uni (46,8 % des personnes de plus de 16 ans), en partie pour raisons de santé, mais aussi parce que le travail y est souvent saisonnier et que l’âge médian de la population y est de 50 ans. La localité est classée parmi le 1 % le plus pauvre d’Angleterre. Il n’est que voir le nombre de personnes se déplaçant en déambulateur ou en scooter pour handicapés pour mesurer l’état physique inquiétant des habitants.

C’est sur cette circonscription, à environ 100 kilomètres au nord de Londres, que Nigel Farage, 60 ans, le chef de file du parti de droite populiste Reform UK, a jeté son dévolu, dans la perspective des élections parlementaires du 4 juillet, pour tenter, pour la huitième fois, d’être élu député. Considéré, malgré ses échecs répétés, comme un des responsables politiques britanniques les plus influents de sa génération – c’est sa campagne contre Bruxelles qui a mené au référendum sur le Brexit de 2016 –, cet as de la communication compte exploiter le désamour des Britanniques pour les conservateurs qui, après quatorze ans au pouvoir, sont promis à une lourde défaite, à en croire les sondages.

« Le Labour a déjà gagné les élections, mais c’est Reform UK qui sera sa vraie opposition » à la Chambre des communes, clame M. Farage, qui a commencé sa carrière comme courtier à la City avant d’être élu député européen et de passer vingt ans, à ce poste, à dénigrer Bruxelles. Il a fait du discours antimigrants son fonds de commerce : il plaide pour taxer les entreprises employant des non-Britanniques et pour le renvoi en France des personnes traversant la Manche en small boats (embarcations de fortune) – sans expliquer comment il ferait. M. Farage trouve à Clacton-on-Sea, jusqu’à présent représentée par un élu conservateur, un terrain plutôt favorable.

« Arrêter les “small boats” »

« J’ai toujours voté conservateur, mais cette fois je vais voter Reform UK, car Nigel Farage a dit qu’il va arrêter les small boats », affirme Pam Cook, 73 ans, une avenante grand-mère se reposant sur son déambulateur, en attendant sa fille qui a rendez-vous au bureau de l’emploi local, vendredi 28 juin. « Je ne suis pas raciste, je ne veux offenser personne, je connais des familles du Bangladesh très travailleuses qui respectent nos règles, mais je suis contre les gens qui viennent dans le pays de manière illégale et reçoivent plus que moi pour ma retraite », ajoute cette dame, qui vient juste de déménager à Clacton, après avoir vécu près de cinquante ans à Basildon, à l’est de Londres. « Ici, c’est plus tranquille, il n’y a pas de problèmes de drogue comme à Basildon, et les logements sont moins chers », assure Pam Cook.

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