Deux ans et demi après le début de la guerre en Ukraine, les Européens doivent investir davantage dans leurs capacités de défense. Ce constat n’est pas nouveau, mais l’élection de Donald Trump à la présidentielle américaine a fini de convaincre les Vingt-Sept de la nécessité d’en faire plus pour leurs armées, mais également pour augmenter l’aide militaire à Kiev. Tant les chefs d’Etat et de gouvernement européens, que la nouvelle équipe dirigeante des institutions européennes en ont fait leur premier objectif ces derniers mois. Présent mardi 4 décembre à une conférence sur la défense à Bruxelles, le tout nouveau commissaire à la défense, Andrius Kubilius a même promis un « Big Bang » des dépenses en matière de défense.
Depuis l’éclatement de la guerre, en février 2022, les Vingt-Sept ont augmenté leurs budgets de défense de 30 %, passant de 239 milliards d’euros en 2022 à 326 milliards d’euros prévus cette année, l’équivalent de 1,9 % de leur produit intérieur brut (PIB), très proche du niveau de 2 %, un objectif minimal fixé par l’OTAN. Mais cela reste encore trop faible. « Pour se rééquiper et aider l’Ukraine, il faudrait viser au moins 3 % de PIB pour financer la défense des Etats-membres, soit le niveau de la guerre froide », soutient Anders Fogh Rasmussen, l’ancien secrétaire général de l’OTAN.
Alors que les Etats membres font déjà des efforts budgétaires conséquents, ils souhaiteraient davantage solliciter l’Union européenne (UE) notamment pour faciliter les achats conjoints, afin de réduire les prix et d’augmenter les commandes aux industriels du secteur. La théorie a beau être relativement simple, la réalité est bien plus complexe. Alors que, selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, les Européens accusent un retard d’investissement d’au moins 500 milliards d’euros dans ce secteur, la Commission n’a pour l’instant prévu que 1,5 milliard d’euros pour son nouveau programme d’aide pour l’industrie de la défense (baptisé EDIP), en cours de discussion.
Faciliter les achats communs
Les Etats espèrent que d’autres moyens viendront ensuite abonder cet instrument. La France, l’Italie, la Pologne, mais également le Danemark ou la Finlande, longtemps hostiles, soutiennent d’ailleurs un emprunt européen commun. L’Allemagne refuse actuellement tout endettement commun. Faute de consensus, ni Andrius Kubilius ni Ursula von der Leyen ne privilégient pas pour le moment cette option. D’autres pistes seront donc explorées comme le financement par la Banque européenne d’investissement ou l’utilisation d’autres fonds européens non dépensés. Avec un objectif simple : faciliter les achats communs et le financement de certaines grandes infrastructures qui font défaut aux armées du continent.
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