A Bamako, le premier ministre sénégalais Ousmane Sonko plaide pour le rapprochement avec le Mali

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Le premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, le 5 avril 2024, à Dakar.

Le premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a été reçu, lundi 12 août, par le chef de la junte malienne et a plaidé pour le rapprochement entre Dakar et Bamako dans des propos rapportés par l’ORTM, la télévision nationale malienne. Le Mali a récemment tourné le dos à l’organisation ouest-africaine de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

« Nous resterons unis conformément aux réalités (…) qui nous imposent de continuer à coopérer [sur] tous les plans. Je sors d’ici avec la certitude qu’on a exactement la même compréhension de ce que devraient être nos relations », a déclaré M. Sonko à l’issue d’une discussion avec le colonel Assimi Goïta qu’il a qualifiée de « très franche » et « très fraternelle ».

Cette « visite d’amitié et de travail » fait suite au voyage de M. Sonko au Rwanda, où il a assisté dimanche à l’investiture de Paul Kagame à un quatrième mandat.

Le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, investi en avril, avait déjà rendu une visite officielle aux autorités de Bamako fin mai. Il avait dit vouloir faire revenir au sein de la Cedeao le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui avaient quitté l’institution régionale en janvier, l’accusant d’être inféodée à l’ancienne puissance coloniale française et de ne pas les avoir assez soutenus dans leur lutte contre le djihadisme. Les trois pays ont créé en septembre 2023 leur propre organisation, l’Alliance des Etats du Sahel, et ont tenu leur premier sommet début juillet à Niamey.

« Au-delà de nos divergences »

« Tout panafricaniste doit avoir comme seul et unique objectif de réunir les Africains au-delà de nos divergences », a affirmé M. Sonko. Il a débuté sa visite en présentant ses condoléances « les plus sincères et les plus attristées » après le lourd revers subi par l’armée malienne et ses alliés russes contre les rebelles et les djihadistes dans le nord du pays, à Tinzaouatène, près de la frontière algérienne.

Il a ensuite tenu à rassurer Bamako que « personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou pour imposer des sanctions », dénonçant « l’embargo qui a été fait sur le Mali par des pays frères et malheureusement par notre pays » sous le régime de Macky Sall.

Le Mali avait été placé sous embargo commercial et financier par la Cedeao après que les militaires arrivés au pouvoir par un putsch en 2020 avaient révoqué leur engagement de tenir des élections, et affirmé en janvier 2022 qu’ils comptaient rester jusqu’à cinq années supplémentaires. « Nous sommes tous des pays souverains, nous devons nous respecter comme des pays souverains », a déclaré le premier ministre sénégalais.

Bassirou Diomaye Faye et son mentor, M. Sonko, qu’il a nommé à la primature, ont été élus en promettant la rupture avec l’ancien système. Les deux hommes prêchent le panafricanisme et le souverainisme, qui sont aussi les mots d’ordre des régimes militaires qui ont pris le pouvoir lors de putschs successifs depuis 2020 au Mali, au Burkina et au Niger.

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Le Sénégal partage des centaines de kilomètres de frontières avec le Mali et entretient avec lui d’importantes relations commerciales et humaines. La situation sécuritaire au Sahel et le risque de propagation djihadiste au Sénégal, réputé pour sa stabilité, sont de longue date une préoccupation forte à Dakar.

Le Monde avec AFP

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