« Le débat sur la réintégration du personnel non vacciné contre le Covid-19 ne prend son sens que dans le cadre d’une politique globale »

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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé, le 5 mai, que la pandémie de Covid-19 n’était plus une urgence de santé publique de portée internationale. Cela se justifie, car, si le virus SARS-CoV-2 circule encore activement, la gravité de la maladie n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était jusqu’à présent. Cela est dû au fait que la quasi-totalité de la population est actuellement immunisée du fait de la vaccination, des infections successives et des traitements efficaces.

Au même moment, une curieuse alliance politique a permis un vote favorable de l’Assemblée nationale pour réintégrer les soignants et les pompiers non vaccinés contre le Covid-19. Cette loi a été votée en première lecture contre l’avis du gouvernement. Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, avait pourtant annoncé fin mars un prochain décret pour lever l’obligation vaccinale. En apparence, c’est incohérent, mais en apparence seulement. Car, pour modifier une loi, il en faut une autre, tandis que pour modifier un décret, l’exécutif peut le faire quand cela lui semble justifié.

Les turbulences autour de cet épisode ne doivent pas masquer le fait que, si la pandémie a changé de visage, la menace n’a pas pour autant disparu. Ce virus garde un potentiel de mutation important. Rien ne permet de dire qu’un nouveau variant ne viendra pas contourner les défenses immunitaires existantes à l’heure actuelle, nous remettant face à un risque important de mortalité.

Une politique encore à construire

Tourner la page, ce que nous avons tous envie de faire, serait une erreur funeste. Certes, il n’y a plus de raisons valables pour restreindre actuellement les libertés publiques. Mais il est nécessaire de profiter de cette pause pour construire une politique de prévention digne de ce nom qui nous laissera moins démunis pour le cas où surviendrait une nouvelle vague meurtrière.

Une politique, ce n’est pas l’addition de mesures de circonstance. C’est l’affichage d’une volonté explicite de faire face aux risques et d’intégrer cette préoccupation dans toutes les activités de la société. Une politique découle de valeurs partagées, d’une vision des enjeux, d’objectifs définis qui appellent des moyens spécifiques. En santé publique, elle découle d’une série de principes : transparence, globalité, universalité, cohérence, équité – notamment vis-à-vis des personnes vulnérables –, rationalité – qui conduit à fonder les décisions sur des preuves scientifiques et à faire appel au principe de précaution en situation d’incertitude –, neutralité face aux croyances religieuses. Une telle politique reste à construire.

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