« S’il doit y avoir la guerre, nous devons nous y préparer. L’heure est aux choix, pas aux formules »

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Le 18 novembre, lors du Congrès des maires, les propos du nouveau chef d’état-major des armées ont suscité la polémique. « Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants (…) alors on est en risque », a notamment déclaré Fabien Mandon. Comment expliquer les réactions si contrastées de l’ensemble du spectre politique, alors même que les spécialistes, s’ils concèdent tout au plus une maladresse, maintiennent que Fabien Mandon est resté dans son rôle d’alerte ? Cette prise de parole nous semble être fautive dans sa forme, mais aussi sur le fond, et révèle surtout l’impréparation de nos élites politiques et militaires.

Nul pacifisme béat ni syndrome de Munich [l’idée reçue selon laquelle les démocraties européennes seraient, en raison de leur lâcheté, averses au conflit militaire] dans cette interpellation. S’il doit y avoir la guerre, nous devons nous y préparer. L’heure est aux choix, pas aux formules. Sur la forme, le choix de l’auditoire interpelle. Quitte à s’adresser à la population, pourquoi le faire devant les maires et non pas devant les représentants de la nation auprès desquels les termes utilisés, en octobre, lors de la commission de la défense nationale et des forces armées, étaient autrement pesés ?

Il faut tordre le cou à la fausse piste d’un simple manquement au devoir de réserve. Celui-ci est suffisamment indéterminé pour que les officiers prennent la parole dans l’espace public dans la limite de leurs attributions réglementaires. C’est en revanche l’ordre de la prise de parole publique qui pose un problème au regard de la tradition républicaine : le président de la République d’abord, le chef d’état-major des armées ensuite.

Injonctions paternalistes

Ce discours est-il une initiative personnelle ? Si oui, faut-il s’en inquiéter ? On ne peut feindre d’ignorer qu’il n’émane pas d’un simple chef d’administration, tant le contrôle politique des armées procède d’un régime dérogatoire et à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’évoquer la mort de milliers de jeunes citoyens. Aucun haut fonctionnaire, peu importe sa position d’autorité, n’a ni le mandat ni la légitimité pour définir ce qui doit faire nation. A l’inverse, celui qui côtoie le chef de l’Etat depuis deux ans en tant que chef de l’état-major particulier a-t-il agi sur ordre ?

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