Une fatalité s’est jusqu’à présent attachée aux ultimatums de Donald Trump concernant l’Ukraine : ils ont toujours fini par disparaître d’eux-mêmes. Le dernier en date adressé à Kiev consistait à accepter, d’ici au jeudi 27 novembre, un « plan de paix » à ce point favorable à Moscou qu’il aurait pu être rédigé par une intelligence artificielle russe. Ce plan bancal et contesté, aussitôt réécrit en partie, a eu au moins le mérite de rappeler une constante : la défiance, voire l’hostilité, du locataire de la Maison Blanche envers Kiev.
Elle vient de loin, puisqu’on en trouve la première expression dès juillet 2016. A la veille de la convention républicaine d’investiture à la présidentielle qui devait couronner Donald Trump, la responsable du programme du Grand Old Party avait été invitée par des émissaires de ce dernier à remplacer, dans la partie prônant la livraison d’une aide militaire à l’Ukraine, la formule « armes défensives létales » par « assistance appropriée ».
Il s’agissait d’une première prise de distance avec des républicains qui n’avaient pas eu de mots assez durs envers la présidence démocrate de Barack Obama, spectateur impuissant de l’annexion unilatérale de la Crimée, deux ans plus tôt. Kiev combattait alors des miliciens séparatistes soutenus par Moscou dans le Donbass. Des ventes d’armes, notamment de missiles antichars Javelin, avaient pourtant eu lieu dès 2018, soutenues par une majorité bipartisane au Congrès et par les responsables du département d’Etat et du Pentagone, fidèles aux positions républicaines traditionnelles sur la Russie.
Puis l’Ukraine a été synonyme, pour Donald Trump, de sa première mise en accusation par la Chambre des représentants du Congrès, en décembre 2019. Les démocrates, qui y étaient devenus majoritaires à la suite des élections de mi-mandat, en novembre 2018, s’étaient saisis de la révélation d’un chantage exercé par le président envers son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.
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