Donald Trump défend le prince héritier saoudien, qui promet 1 000 milliards d’investissements aux Etats-Unis

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Le président Donald Trump désigne un journaliste du doigt lors de sa rencontre avec le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche, le mardi 18 novembre 2025, à Washington.

En plus d’offrir à Mohammed Ben Salman, dit « MBS », une spectaculaire réhabilitation diplomatique, Donald Trump a défendu avec vigueur, mardi 18 novembre, le prince héritier saoudien au sujet de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018. « Vous parlez d’une personne extrêmement controversée. Beaucoup de gens n’aimaient pas ce monsieur dont vous parlez. Que vous l’aimiez ou pas, des choses se sont produites », a lancé le républicain de 79 ans en réponse à une question sur l’ancien chroniqueur du Washington Post.

Mohammed Ben Salman « n’était au courant de rien », a affirmé Donald Trump, qui s’en est pris violemment à la journaliste de la chaîne ABC qui posait la question. Il l’a accusée de chercher à « embarrasser » celui qu’il qualifie de « très bon ami ».

Reçu avec une garde à cheval, des coups de canon et un survol d’avions de combat F-15 et F-35, le dirigeant de facto du royaume saoudien a aussi eu droit aux louanges du président américain, dans le bureau Ovale, pour son bilan « incroyable en matière de droits humains ».

Résidant aux Etats-Unis, critique du pouvoir saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été tué dans le consulat saoudien à Istanbul par des agents venus d’Arabie saoudite. Son corps, démembré, n’a jamais été retrouvé. Les services secrets américains ont pointé une responsabilité directe de Mohammed Ben Salman, ce qui a quasiment gelé, pendant un temps, la relation entre les deux alliés. « C’est douloureux et c’est une énorme erreur et nous faisons de notre mieux pour que cela n’arrive pas à nouveau », a dit mardi le prince héritier saoudien.

La veuve du journaliste dissident a réagi à ses propos, demandant à Mohammed Ben Salman de lui présenter personnellement ses excuses. « Le prince héritier a dit qu’il était désolé, il devrait donc me rencontrer, me présenter ses excuses et m’indemniser pour le meurtre de mon mari », a écrit Hanan El-Atr Khashoggi sur X.

Alors que son prédécesseur démocrate, Joe Biden, voulait le traiter en « paria », le président américain l’a reçu avec plus d’égards que pour tout autre dirigeant venu à la Maison Blanche depuis son retour au pouvoir, en janvier. Le prince gouverne le royaume, mais son père, le roi Salman, reste le souverain en titre. La Maison Blanche lui réserve pourtant un accueil digne d’un chef d’Etat, dîner de gala compris.

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Le républicain de 79 ans a tenu à montrer à son invité une galerie de portraits d’anciens présidents américains, dans laquelle Joe Biden est remplacé par une machine à signer, dans une référence moqueuse au déclin mental supposé de l’ancien président.

Mille milliards de dollars d’investissements promis aux Etats-Unis

L’affaire Khashoggi a relégué au second plan les autres dossiers de la visite. Donald Trump a confirmé que les deux pays discutaient de la conclusion d’un accord-cadre sur le nucléaire civil, et a promis d’accéder à la demande saoudienne d’avions de combat F-35. Il espère en retour que l’Arabie saoudite rejoindra les accords d’Abraham, son grand projet de normalisation des liens entre les pays arabes et Israël.

Le dirigeant saoudien a temporisé : « Nous souhaitons faire partie des accords d’Abraham. Mais nous voulons également nous assurer que la voie vers une solution à deux Etats est clairement tracée », alors qu’Israël refuse toute création d’un Etat palestinien. « Nous allons y travailler afin de nous assurer que nous pouvons créer les conditions propices dès que possible pour y parvenir », a déclaré Mohammed Ben Salman.

Il n’est toutefois pas venu les mains vides à Washington. Le prince héritier a promis de porter à 1 000 milliards de dollars, contre 600 auparavant, le montant des futurs investissements saoudiens aux Etats-Unis, comme Donald Trump le réclamait avec insistance.

Le président américain a aussi assuré que les deux pays s’étaient entendus sur un partenariat de défense. Mohammed Ben Salman veut des garanties américaines renforcées, à l’instar du Qatar, qui, après avoir subi des frappes israéliennes, a obtenu un engagement américain à le protéger en cas de nouvelle attaque.

Comme souvent depuis le début du second mandat Trump, les relations diplomatiques se doublent de contacts familiaux et de liens financiers. Les fils du président et son gendre, Jared Kushner, qui joue un rôle informel de médiation au Moyen-Orient, sont en affaire avec l’Arabie saoudite. Donald Trump a toutefois nié tout conflit d’intérêts : « Je n’ai rien à voir avec les affaires de ma famille. J’ai quitté cela. »

Le Monde avec AFP

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