à Haïti, les alentours de Port-au-Prince assaillis par les gangs

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Un calme tout relatif règne à Doco, quartier populaire de l’importante commune résidentielle de Petion-Ville, en banlieue de Port-au-Prince. Mais ce hameau, perché sur les hauteurs de la capitale haïtienne, est sur le qui-vive. Au bout d’un dédale de faubourgs aux ruelles cahoteuses, des hommes armés, en faction devant une guérite, accueillent les visiteurs avec méfiance. Les véhicules inconnus sont contrôlés ; les conducteurs, interrogés quant à l’objet de leur venue ; les passagers, observés par des yeux inquisiteurs. « Barrière ouverte à 5 h 30, fermée à 21 heures », informe un écriteau peint à la main sur la guérite : la nuit, plus personne ne passe.

Un groupe d’hommes oisifs discutent à l’ombre d’une bâtisse sans charme : le quartier général de la brigade d’autodéfense créée par des habitants des faubourgs environnants pour se protéger des attaques des gangs. « Nous avons constitué cette brigade il y a trois ans lorsque les bandits ont commencé à s’implanter dans les environs », raconte, dans un bureau du QG, Cazeau Guerrier, le chef de la milice, forte de « 287 brigadiers », selon cet affable professeur de biologie de 48 ans, affectueusement surnommé « Maître Cazeau » par ses connaissances.

Les bandes criminelles contrôlent désormais une majeure partie de l’agglomération de Port-au-Prince, alors qu’Haïti s’enfonce, depuis plusieurs années, dans une spirale de violence sur fond de grave crise politique. Sur les six premiers mois de l’année, l’Organisation des Nations unies (ONU) dénombrait 3 141 tués dans ce pays caribéen de près de 12 millions d’habitants. Puis, entre juillet et septembre, « 1 247 personnes ont été tuées et 710 blessées », selon son rapport trimestriel sur la situation des droits humains en Haïti publié le 11 novembre. Les victimes des groupes armés représentent 30 % du total, contre 61 % résultant « d’opérations des forces de sécurité contre les gangs », précisaient les Nations unies.

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