
Le gouvernement de Mark Carney a survécu, lundi 17 novembre, à un vote de confiance avec l’adoption, de justesse, par le Parlement du budget présenté par le premier ministre pour relancer l’économie du Canada, menacée par les droits de douane américains. En tout, 170 députés ont voté pour et 168 contre. Juste avant le vote, le gouvernement s’était assuré du soutien de la seule élue du Parti vert, Elizabeth May.
Si une majorité de Canadiens ne souhaitaient pas de nouvelles élections aussi tôt après les dernières selon un sondage et 52 % d’entre eux approuvent l’action de Mark Carney, c’est l’appui d’une députée de l’opposition soucieuse d’éviter de déclencher des élections anticipées et l’abstention de quatre autres parlementaires qui ont permis l’adoption du budget et le maintien au pouvoir de Mark Carney.
Le chef des conservateurs, Pierre Poilievre, avait critiqué les propositions du gouvernement, s’opposant à un budget qu’il avait qualifié de « budget carte de crédit ». Le Bloc Québécois, parti indépendantiste (22 sièges), a lui voté contre le texte.
Le Nouveau parti démocratique (gauche, 7 députés), qui a souvent soutenu par le passé les gouvernements libéraux, avait lui déploré un budget ne venant pas assez en aide aux travailleurs. Mais après avoir sombré lors des élections d’avril, le parti n’a pas voulu provoquer la chute du gouvernement, qui aurait entraîné un nouveau scrutin.
Critiquant un budget « extrêmement décevant » et « très dommageable pour l’environnement », le député néodémocrate Alexandre Boulerice s’est opposé au budget, mais a défendu le choix de deux de ses collègues de s’abstenir. « Le message des gens était clair : on n’aime pas ce budget-là, mais ce serait irresponsable d’aller aux élections », a justifié le député.
Un budget pour contrer la crise et les droits de douane
Mark Carney, ancien banquier central, soutient que ce budget, qui prévoit de quasiment doubler le déficit pour 2025-26 − prévu à 78,3 milliards de dollars canadiens, soit environ 48 milliards d’euros − et axé sur le lancement de grands projets d’infrastructures, était une réponse « audacieuse » aux bouleversements économiques mondiaux et aux attaques américaines. Il affirmait la semaine précédente que les droits de douane américains et l’incertitude qu’ils créent « coûteront à la population canadienne autour de 1,8 % du PIB »
« Il faut maintenant travailler ensemble pour mettre en œuvre ce plan, afin de protéger nos communautés, d’offrir de nouvelles possibilités aux Canadiens et aux Canadiennes et de bâtir un Canada fort », a déclaré sur X le chef du gouvernement, se félicitant de l’adoption du budget.
Avant le vote, le chef du gouvernement a affirmé lundi avoir de « bonnes nouvelles » devant le Parlement. « On crée des emplois et le taux d’inflation baisse », a-t-il assuré alors que les prix à la consommation, publiés le même jour par Statistique Canada, ont, en effet, fait état d’une diminution de l’inflation, qui a atteint 2,2 % en octobre.
Les politiques de Donald Trump, qui a imposé des droits de douane à son allié et récemment stoppé toutes les négociations commerciales bilatérales, frappent déjà durement le Canada, faisant grimper le chômage et mettant sous pression les entreprises dans des secteurs cruciaux comme l’automobile, l’aluminium ou l’acier.


















